Inédits
Bouteille à la mer, de Serge Dupont-Valin
Sternes et goélands tournoient et s'abattent en cris stridents dans le champ voisin. Il va faire tempête.
Déjà, les portes claquent dans la maison et les aulnes qui bordent la rivière, bruissent avec inquiétude. Moi, dans mon bureau, je crois entendre le claquement des haubans. C'est un leurre. Ste Yvonne, amarrée dans le vieux bassin de Honfleur, va danser et tirer sur ses aussières, en toute sécurité. J'aimerais être à bord, écartant mes jambes pour mieux épouser le roulis, verser dans les verres de l'amitié un vin franc. Nous sommes une bande de vieux copains, les copains d'abord, on m'appelle capitaine, il y a le bosco, les gabiers, tous anciens marins amoureux des vieux gréements. La chanson de Brassens est d'actualité car nous ne sommes plus tout jeunes et quand l'un manque à bord, c'est qu'il est souffrant. Aussi, nous buvons à sa santé retrouvée.
Un héron a élu domicile sous les branches basses qui ombrent les berges de la rivière. Un héron cendré. Son envol est lourd et claque comme des voiles qui faseyent. C'est ici déjà presque la mer, te dis-je.
Et ce bonheur me suffit bien.
illustration: Un grain, huile d'Eugène Boudin, 1886
Variation 'Ville ailleurs',
textes de Françoise Renaud et de Raymond Alcovère,
photographies de Trajano Caldas et de Marc Dantan
Temps 1 – Photographies de Trajano Caldas, 2007
Temps 2 – 'ville ailleurs' de Françoise Renaud
Cette ville existe en moi depuis longtemps — je l'ignorais.
Si longtemps que son visage était caché derrière d'autres visages, empoussiéré, enseveli. Et il a suffi d'une bouffée de vent d'est pour qu'il se ranime et me saute au nez.
Un ami est rentré de là-bas avec de la myrrhe, du miel et des images. Maintenant il parle d'elle. Il est intarissable. Il parle des chemins à cœur de pierre, des façades de brique et de chaux. Il parle des boutiques où foisonnent les épices. Il parle des ombres noires qui se faufilent dans les portes cochères.
En arrière les montagnes farouches.
Parfois silhouettes rapaces au violent du soleil. Parfois plomb d'une tempête de sable à venir.
Il dit que l'âge n'a plus œuvré sur sa face durant son séjour. Il dit que son cœur — plus ancien que son corps — en avait déjà la mémoire. Comme greffé en ses parois, le profond silence du désert.
De ces voyages hors du temps, on ne sort pas indemne. S'affûtent des parts de conscience jusqu'à faire mal et il faut reprendre souffle comme après l'effort.
Tard dans la nuit, lui reviennent le décor blanc de sa chambre et la plainte de la ville. Point d'effacement dans la distance : toujours plus brûlant à grandir.
Il pense que nous ne sommes que de vieux enfants.
Temps 3 – Photographies de Marc Dantan, 2007
Temps 4 – 'avant, il y avait une ville…' de Raymond Alcovère
Avant, il y avait une ville. Puis de lourds nuages se sont levés. Un poudroiement de nuages, ensuite amoncelés, puis une pluie. Noire.
Impossible de savoir quelle civilisation a vécu là, peuple de l’ombre ou cité solaire… Seule subsiste cette lumière bleue, ondulante. Lente ondulation des nuages par nappes. Quand disparaîtront-ils ? Leur reflet irisé sur la mer incite certains à y voir le prélude d’une vie nouvelle, un embryon de soleil.
Les imaginations se libèrent. Ce monde d’avant : un âge d’or ; cités en équilibre instable entre la terre et le ciel, colonnades en ivoire et or fin, fontaines balbutiantes, coupoles bleu nuit, fragrances d’ambre et de myrrhe ; tout ici indique l’éternel retour…
Si calme en ce jardin…, d'André Gardies
Parfaitement immobile, le bleu du ciel se tient en équilibre sur la crête de la montagne. L’été est là, que l’on n’attendait plus. Du fond incertain du jardin montent les stridulations obstinées d’un grillon. Nul mouvement. Rien. Le calme. Seul peut-être un souffle imperceptible puisque, de temps à autre, une prune mûre se détache de l’arbre et chute dans l’herbe où elle s’écrase en un choc mat.
« Bonjour ! Je ne vous dérange pas, j’espère. » C’est ma voisine. Curieux qu’elle se soit avancée jusqu’ici ; d’ordinaire, elle me fait un signe depuis le chemin. Échange rituel de quelques formules de politesse, puis assez brusquement : « Vous avez appris pour la femme de R. ?… Elle est morte hier… Sa voiture qui a traversé la route et s’est écrasée contre un camion… Oui, sur le coup, il paraît… »
Abasourdi.
Manuelle morte ? Non, les images qui affluent ne disent pas ça. Manuelle en short, rieuse, qui descend du chemin haut, son petit seau en plastique rouge à la main rempli des framboises qui feront bientôt la confiture. Manuelle qui, bon public, éclate de rire au récit des blagues anciennes, pas toujours légères. Manuelle qui va qui vient entre les tables dressées en plein air pour la fête du pain. Qui vous regarde en souriant de ses beaux yeux.
La dernière fois que je l’ai vue ?… À la maison, il y a deux jours oui, c’est ça, avant-hier, elle venait récupérer les deux paniers qu’elle avait oubliés le jour de la fête. Je passe en coup de vent, dit-elle ; oui, un peu bousculée, la fin des vacances. Non, non je t’embrasse pas, on se verra bien d’ici mon départ. Elle a franchi le seuil de la porte, vive, un baiser de la main, envolée.
Manuelle morte ? Toutes ces images qui parlent de la vie, dorénavant, diront la disparition, l’irrémédiable, puisqu'il faudra vivre avec elles et seulement elles. Aucune autre image ne viendra s’ajouter. Plus jamais. Le deuil ? Accepter l’idée qu’aucune image, jamais, ne vienne modifier celles, si précieuses, que l’on porte au fond de soi. Ces images qui sont celles de la vie quand la vie était là. Avant que le kaléidoscope ne se bloque définitivement.
La chaleur s’est accentuée. Le grillon stridule toujours. La même immobilité. Mais une bourrasque soudaine : une grosse poignée de prunes de détache en rafale de l’arbre, pour s’écraser sur le sol dur en une précipitation flasque et molle. L’été reviendra-t-il ?
illustration : Yves Alleaume, Trois couleurs jaunes,
technique mixte sur papier marouflé
Au ventre des choses, de Laurent Dhume
Me voilà réinscrit au creux des choses. Dans la courbe, là où les angles, les arêtes ne sont qu’alibi pour le maintien de la forme. Sans eux, le chaos. Mais demeurer là-bas, sur ces lignes, ces découpes, c’est oublier ce ventre des choses.
Cette onctuosité essentielle. Ce poing fermé. Cet esprit de la matière.
Me voilà. Les faits sont passés sur ma peau. Ils étaient terribles, souvent. Ils étaient insipides. Ils étaient dérisoires.
C’était : les contemporains. J’en retrouvais en moi, logé dans ma chair, la colère, la panique. Une boule faisant son billard sur mes os. J’en retrouvais encore le brassage écumeux de la bile qui s’emballe. L’acidité du dégoût.
Mais me voilà. Sans renvoi. Sur mes pieds. Ici, au ventre des choses. J’y suis si anecdotique que je pourrais m’évanouir. J’y suis si ramifié que ma caresse du dos de la main se donne à Pluton, mon œil à la voie lactée. Mes orteils jouent à chat perché sur Vénus. On parle de galaxies.
J’y suis, au-delà de ces mots.
Ici, au ventre des choses, l’éphémère et l’éternel fusionnent dans un silence si fluide que la tentative de nom équivaut à la disparition. Ici l’histoire et l’orgueil se confondent. Tout n’est que tête d’épingle. On rit à la poussière. Au même moment, on sait déjà qu’on ne peut plus dire J’y suis, mais : J’y étais. J’y fus.
Se souvenir alors. Poumons profonds. Rameuter ces essences. Laisser remonter l’écho, l’accès.
L’ici.
Et nourrir cet élan immobile. L’infuser au monde. À mon monde. Mon contemporain.
Concentrer mes antennes, mes racines, pour demain.
photographie, Didier Leclerc, Atelier N89
AFfamée, d'Anne Bourrel
AFfamée de mOts, de jours,
De chansons érotiques, de caLme dans ta voix.
Affamée de l'Océan retOUrné qui
Ne s'en Remet pas
(Retourné, détourné, contourné, aspiré,
Épuré, malmené
Affamée de la Faim de tous ceux
Qui oublient d’exister-lorsque le
Jour tombe sur les villes rouGies
Affamée, en un seul mot
- bouche Ouverte
illustration : Miccam, Fermeture sur Rothko 2, acrylique-huile sur toile, 40 x 40 cm, 2006
site web de Miccam
Deux vies, de Michel Théron
Net est le visage reflété, flou celui qui se reflète. Grâces donc soient rendues au miroir, au résultat probant qu’il offre, ici et ailleurs. Ne serait-ce que parce qu’il enclôt, par le cadre il sépare du reste, donc essentialise. Les peintres se promènent souvent avec un miroir dans leur poche : ils y trouvent le moyen de densifier leur vision en l’isolant du reste. Le résultat du fragment ainsi magnifié est plus vrai que le réel de tout le reste, je dirai ici de la vie habituelle, qui s’effiloche et s’efface. Le cadre contient le monde aux deux sens du mot : il le représente et il l’empêche de s’évanouir.
Pareillement nous-mêmes : bien flous sommes-nous dans l’ordinaire de nos vies (indécision, indistinction, flottement…) Mais le miroir est là pour nous qui donne poids, substance, vérité. De quel type sont-ils ? J’y vois symboliquement des miroirs instituants, donateurs d’humanité. Nous n’existons vraiment que reflétés par ces instances représentatives et normatives (mythes, récits, fictions dans l’ordre des mots, signes et images divers dans celui du visible), d’origine d’abord religieuse, puis artistique, qui nous précèdent et balisent nos vies. Certes c’est nous qui les avons, une fois, créés (mais quand donc déjà ?). Ensuite nous nous y soumettons et attachons, un peu comme à des juges, car nous y trouvons notre vraie figure. Ils façonnent l’homme pour qu’il ressemble à l’homme. Sans les romans par exemple, comment pourrions-nous faire la cour à une femme ? Sans les nativités en peinture, comment pourrions-nous penser le mystère de la naissance ? Nos vies se déroulent à l’ombre de ces instances, de ces miroirs symboliques. Sans eux nous ne vivons pas vraiment, nous ne sommes que des morts. On voile les miroirs dans les chambres des morts, et le vampire, un mort vivant, ne se reflète dans aucun miroir. Le paradoxe de la vie est qu’elle ne se suffit pas à elle-même et qu’elle a besoin, pour être vraiment vie, de se refléter dans un système représentatif ou spéculaire qui la fait accéder à un niveau supérieur d’existence.
Tu es floue et ton reflet est net. Peu importe alors que le miroir soit grossissant, un miroir de maquillage, et que toi-même sois irréelle : un mannequin. Le photographe que je suis peut se permettre de tricher avec le réel des choses et des êtres, si c’est pour atteindre une vérité de la vie : la présence particulière et nécessaire en nous des représentations, supérieure à toute autre présence.
Texte inspiré du chapitre 7 d'un ouvrage de l'auteur, Laquelle est vraie ?, CNDP/CRDP de Montpellier, 1997.
illustration : photographie personnelle
Promesse d'un retour, de Jacques Vénuleth
Chroniques livres
Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel,
par Janine Gdalia
Il était de passage à Montpellier en dépit d’un emploi du temps chargé — il réalise un film à découvrir l’an prochain — et il a eu du plaisir à rencontrer ses lecteurs. Car Philippe Claudel est avant tout un écrivain, un ciseleur de la langue qui crée par petites touches des atmosphères qui conduisent à explorer la guerre et ses conséquences.
Dans Le Rapport de Brodeck, il s’interroge sur la possibilité de vivre après le chaos. De conserver la mémoire du mal absolu, du génocide pour tenter d'en empêcher le retour — démarche vaine semble-t-il après plus d'un demi-siècle.
Dès la première phrase, le héros déclare : « Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. » Établi au village depuis son enfance, il lui revient d'écrire un rapport sur un crime terrible qui vient d’être commis — il a fait quelques études et rédige des notices pour une administration sur l’évolution de la flore. Ce village se situe dans un lieu indéterminé de l’Europe de l’Est où le ciel est bas et la forêt proche. Certains y parlent un patois inconnu. Un étranger arrive à la surprise des habitants. Comment est-il parvenu jusque chez eux ? Que cherche-t-il ? Il rejoint l’auberge, conduit sa monture à l'étable en lui parlant avant de s’enquérir d’un gîte pour lui-même. Le plus souvent il reste dans sa chambre, ne prend qu’un repas par jour, donne des bonbons aux enfants. Ses vêtements et ses manières sont si différentes qu'il inquiète, devient gênant au point de se faire éliminer par des « paysans, des commis de ferme, des petits fonctionnaires. Des hommes, comme vous et moi en somme. » déclare Brodeck devenu scribe. Il conduit son enquête tel un policier. Tout un passé resurgit avec cette journée de l’Épuration qui lui vaut d’être conduit dans un camp auquel il survit on ne sait comment. Jamais ne sont évoqués les Juifs ou les nazis, tout est simplement sous-jacent.
Ainsi, par petites touches, Philippe Claudel retrace ce parcours, tentant de dire l’indicible.
« Le pouvoir de dire, commentera l'écrivain, ne marque pas la possibilité d’une guérison mais permet de surmonter sa propre terreur, de saisir comment une société se regarde. »
Un livre bouleversant et magnifique.
Éditions Stock, 2007
illustration : Egon Schiele, Quatre arbres, 1917
Sarinagara de Philippe Forest, par Anne Bourrel
Monde de rosée
C’est un monde de rosée
Et pourtant pourtant
Ce haïku du poète japonais Issa est posé en exergue du roman. Issa, Kobashi Issa, vient de perdre son unique enfant. Il écrit un poème sur le monde, qu’il sait « éphémère comme une rosée » et laisse son poème en suspens, dans le vide… pourtant, pourtant… Ce dernier mot du poème, dont le redoublement ouvre une palette de sens possibles à chacun, se dit en japonais sariganara et la traduction littérale en est « cependant ».
Tsuyu no yo wa _ tsuyu no yo nagara _ sarinagara...
Ce mot et son redoublement ont ouvert un espace que Philippe Forest va habiter en écriture. Forest et sa femme se rendent au Japon pendant plusieurs mois. Ils vont vivre ce voyage comme une fuite dans un ailleurs, un ailleurs comme un autre, car l’impossible deuil de leur petite enfant Pauline les fait errer en ce monde et en eux-mêmes.
Ils vont lier leur propre existence à celle, réinventée par l’écriture de trois hommes japonais. Il s’agit tout d’abord de Kobashi Issa, le dernier des grands maîtres dans l’art du haïku, de Natsume Sôseki, l’inventeur du roman japonais moderne, et de Yamahata Yosuke, qui fut le premier à photographier les victimes et les ruines de Nagasaki.
Le roman s’organise alors en sept parties, quatre villes (Paris, Kyoto, Tokyo, Kôbe) et trois hommes, le poète, le romancier et le photographe. L’écriture très belle, très limpide de ce roman laisse dans la mémoire une trace indélébile.
« (…) restent les rêves. Alors, comme ils sont seuls désormais, c’est à eux que l’on confie le souci de sa vie. »
(Le Matricule des Anges n°81 est consacré Philippe Forest)
Éditions Gallimard, 2004 (folio n°4361)
illustrations : calligraphie "Hon", livre en japonais
et photographie de Rong rong et Inri, sans titre
Les oubliés
L'Équilibre du monde de Rohinton Mistry,
par Françoise Renaud
On croit débarquer dans une fresque breughélienne, réaliste jusqu'à la vision. En fait, nous sommes en Inde et cette ville au bord de la mer, c'est Mumbay, grouillante, impitoyable. Comme matière au tableau, la force de l'Histoire.
Le récit s'enracine pendant l'état d'urgence décrété par Indira Gandhi entre 1975 et 1977 alors que le pays est livré au fanatisme et aux violences.
L'héroïne Dina Dalal, jeune veuve d'origine parsie, se lance dans la confection à domicile pour se libérer d'un frère despotique. Les personnages se présentent tour à tour à son appartement : Ishvar et Om, intouchables devenus tailleurs, l'étudiant Maneck débarqué du Nord, le collecteur de loyers et ses hommes de main, l'infirme Shankar, le vendeur de cheveux. Oui, l'appartement devient le théâtre où se déroule la tragédie parfois entrecoupée par quelque scène plus douce comme la naissance de chatons ou la confection des chappatis, juste de quoi reprendre souffle avant un nouvel épisode saisissant — éradication des bidonvilles, purges, bastonnades, stérilisation forcée.
Dehors, rien qu'un monde de débrouille où les êtres choisissent le côté du pouvoir plutôt que la misère, où la vie ne vaut rien.
Ne pas chercher la pureté d'un style, simplement goûter l'humanité bouleversante de Mistry qui tisse la destinée de ces toutes petites gens en un monde brutal et corrompu comme Dina confectionne son patchwork pièce après pièce pour le mariage de son tailleur, découvrant compassion et solidarité.
« Vous seriez étonné de découvrir à quel point nombre de mendiants ressemblent à des êtres humains », nous dit le Maître des mendiants.
Traduit de l'anglais par Françoise Adelstain, Albin Michel, 1998
Entretien
Questions à Nicolas Bouvier, par Alain Bagnoud
Création...
Un mot que je ne m'attribuerai jamais, même avec une minuscule. La fonction d'artiste n'est pas du tout une fonction démiurgique. Elle est de rendre compte d'un monde et d'une réalité qui a déjà été formée, en partie par l'homme, en partie par le ciel. Le mot de créateur, je le réserve plutôt aux divinités créatrices. Pour le travail que je fais, que font les peintres, les photographes, je préfère le mot de fabricateur, ou d'interprète.
Luciole...
Ça me ramène… dans la Yougoslavie titiste, dure et étriquée, des années 48, 49, 50. On y utilisait des routes d'une solitude invraisemblable, en très mauvais état… Mais chaque fois qu'il y avait un point d'eau, une fontaine, il y avait un véritable nuage de lucioles comme un petit feu d'artifice tiré pour nous. Cela donnait à ces nuits une beauté exceptionnelle. Et puis la luciole, chez les Japonais, est l'emblème de l'assiduité. Les étudiants pauvres partaient aux lucioles, en remplissaient des paniers qui étaient comme des paniers à salade de lucioles, et ils étudiaient à la lumière des lucioles groupées, captives, sans brûler d'huile, de pétrole, ou une bougie qui leur aurait coûté un repas de riz.
Ulysse...
L'Odyssée est le premier récit de voyage dans notre tradition. Ulysse est un personnage formidable par ses voyages beaucoup plus que par ses exploits guerriers. C'est la préfiguration d'une curiosité planétaire qui a été assez particulière aux Grecs. Les Égyptiens l'avaient avant, en organisant ces grands voyages maritimes le long de la côte est de l'Afrique. C'était sous Hatchepsout, une pharaonne dont on a gardé de très belles fresques. Ils sont descendus assez bas, presque jusqu'aux confins de l'Afrique du Sud, et puis ils sont remontés. Rien ne prouve qu'ils ont fait le tour de l'Afrique, mais rien ne prouve le contraire non plus.
Vocation...
Vocation est un mot superbe. Au fond, c'est l'histoire d'un esprit qui ne sait pas encore quoi faire de lui-même, mais qui est appelé par une voix très forte dans une direction qui donnera un sens à son existence. C'est un mot magnifique, parce qu'il est directionnel sans être du tout tyrannique. Mais si vous êtes visité par une vocation pour quelque chose, il est hors de doute que c'est ça que vous devez faire.
Propos recueillis par Alain Bagnoud en septembre 1992
Entretien complet sur Le blog d'Alain Bagnoud
Sommaire
n° 5 - novembre 2007
INÉDITS1 - Bouteille à la mer de Serge Dupont-Valin
2 - Variation 'ville ailleurs' textes de Françoise Renaud et Raymond Alcovère, photographies de Trajano Caldas et Marc Dantan
3 - Si calme en ce jardin d'André Gardies
4 - Au ventre des choses de Laurent Dhume
5 - AFfamée d'Anne Bourrel
6 - Deux vies de Michel Théron
7 - Promesse d'un retour de Jacques Vénuleth
CHRONIQUES LIVRES
1 - Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel - par Janine Gdalia
2 - Sarinagara de Philippe Forest - par Anne Bourrel
LES OUBLIÉS
L'équilibre du monde de Rohinton Mistry - par Françoise Renaud
ENTRETIEN
Questions à Nicolas Bouvier par Alain Bagnoud
ARTS PLASTIQUES
1 - photographies de Marc Dantan
2 - sculpture : Filles d'Annie Quédrue Stréliski
3 - peinture : Frédéric Plumerand
Prochain numéro : janvier 2008
Ours
Comité de rédaction : Raymond Alcovère, Janine Gdalia et Françoise RenaudComité de lecture : Lilian Bathelot, Antoine Blanchemain, Anne Bourrel, Jean-Claude Dana, André Gardies, Dominique Gauthiez-Rieucau et Edith Noublanche
Coordination : Françoise Renaud
Les archives
n° 1 - mars 2007n° 2 - avril 2007
n° 3 - juin 2007
n° 4 - septembre 2007
n° 5 - novembre 2007
n° 6 - janvier 2008
n° 7 - mars 2008
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n° 9 - juillet 2008
n° 10 - septembre 2008
n° 11 - novembre 2008
Spécial Eros
n° 12 - février 2009
n° 13 - avril 2009
n° 14 - juillet 2009
n° 15 - novembre 2009
n° 16 - février 2010
n° 17 - avril 2010
n° 18 - juillet 2010
n° 19 - septembre 2010
n° 20 - novembre 2010
Spécial Mémoire
n° 21 - janvier 2011
n° 22 - mars 2011
n° 23 - juin 2011
Spécial Résistances
n° 24 - septembre 2011
n° 25 - décembre 2011
n° 26 - février 2012
n° 27 - avril 2012
n° 28 - juillet 2012
Spécial À Croquer
n° 29 - septembre 2012
n° 30 - décembre 2012
n° 31 - février 2013
n° 32 - avril 2013
n° 33 - juin 2013
Spécial Animal
n° 34 - septembre 2013
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