Dialogue de Luminitza C. Tigirlas, poète et psychanalyste à Montpellier, avec Lili Frikh, poète, à partir de ses livres.
Entrée libre
Inscription préalable auprès de Luminitza Claudepierre Tigirlas : luminitza.tigirlas@gmail.com
Entrée libre
Inscription préalable auprès de Luminitza Claudepierre Tigirlas : luminitza.tigirlas@gmail.com
Observations pour un futur carnet tératologique, prose poétique, Encres Vives, décembre 2022
Illustrations Sophie Moulinneuf
Nous avons tous dans nos livres de peau des lignées de chimères, à peine ossifiées, respirant sous des eaux rémanentes, nouées à nos muscles comme une poussière de bataille, l’écho des combats passés et perdus.
Laissons advenir les défaites, accueillons les surgeons de la contingence, les monstres, en nos terres, pour une nouvelle alliance.
(émission avec Christian Saint-Paul Les Poètes du 07 février, sur Radio Occitanie)
EXTRAIT
Les monstres s’accumulaient contre les ponts, colonisant les arches, happant les lampadaires comme des lucioles de printemps.
Les berges suintaient de leurs mues huileuses où se noyaient les enfants du soir.
On s’enferma dans les palais surplombant la Garonne. Sur les terrasses aériennes on dînait aux spasmes du fleuve qu’épousaient d’immenses siréniens de glace carénés de moraines. On ne vit pas les marelles s’enfoncer dans la vase ni les cours endormir les derniers cris.
Les rires capitulèrent, les quais pourrissaient comme des figues, les digues se faisaient l’écho d’avalanches.
Le Dôme du Capitole disparut un matin.
Au crépuscule des fêtards caressaient encore son sein rose.
Les rues amphibies glissèrent leurs pavés dans les limons rouges de la mangrove des Filtres.
Poète, auteur de plus cinquante recueils écrits en français, américain, catalan, castillan, russe et italien – membre : de la Société des Poètes Français, Poètes sans Frontières, Maison de la poésie Jean Joubert… Le recueil de poèmes Poésie Chirale de François Szabó est un ensemble cohérent et délicat, d’une exigeante vision et d’une fertile imagination, c’est aussi une somme poétique, un parcours onirique, une voie merveilleuse dans le concert des œuvres de la planète et la résultante d’une passion ininterrompue pour les arts du verbe et de la représentation. Ce qui ne cesse de bruire est la permanence de la tendresse, ressac infini de la passion et horizon sans nulle fin.
(entrée libre)
Infos : Christian Malaplate 0681076141
Casse-tête, poésie écriture visuelle, éditeur Plaine page, collection Les Oublies, mai 2022
Enfance, société, faits constatés pas tout un chacun, tout est sombre. Malgré tout, l’incitation de la fin tente d’autres perspectives.
NOTE : À la plupart des textes dactylographiés en page de gauche correspond la version visuelle en page de droite. Et ici, « visuel » ne signifie pas « joli »… ou illustration. C’est une façon d’exprimer, prolonger la révolte, susciter la réflexion « sans sacrifier son intégrité esthétique et intellectuelle » (comme l’affirme Orwell) ; c’est inlassablement ce que je tente de faire par des approches différentes.
une critique de François Huglo à découvrir ici
Héros couronné, poème, Vincent Rougier éditions, décembre 2022
Esquisses de Vincent Rougier
Coup de dés
Ce mélange prodige
Nous fit entrer en cantiques
Du temps où les djinns
Enseignaient à jouer de l’aoud
Sur nos hanches
Dictionnaire Poétique de l’Urbex, photographies et poésie, Cap de l’Étang Éditions, décembre 2022
Photographies de Fabien Lebourgeois
Le livre Dictionnaire Poétique de l’Urbex de Fabien Lebourgeois et de François Szabó est une réponse à la morosité, l’émerveillement peut ainsi jaillir de lieux non dédiés à la fréquentation telles que ces photographies nous le prouvent. Et la poésie est là non pour commenter mais pour vivre avec ce qui vibre en nous unique et inaliénable. Il suffit alors d’en feuilleter allègrement les pages pour vivre des moments rares dans l’espace et le temps.
Si la guerre ne meurt, poésie, anthologie Cordes tissées 38, éditions Inclinaison, octobre 2022
La guerre comme un avenir stationné pour le moment en Ukraine. Comme une attente d’événement. La guerre là-bas vit ici comme un accident de la route. Nous la contemplons derrière nos écrans. C’est l’avenir qui nous obsède. L’Ukraine comme proxy de nos avenir possiblement enterrés dans la guerre généralisée. Peur.
La guerre est un fantasme ici. Une réalité là-bas. Nous sentons sa puissance et sa gloire sombre.
Cet ouvrage s’insère dans l’anthologie au long cours Cordes tissées, dont il incarne le N°38.
EXTRAITS
Repose en paix
sais-tu où est le pays souverain
où est le pays souverain
qui connaît le pays souverain
pas moi je marche sans regarder derrière
pas moi je regarde les mouettes dessiner le ciel
pas moi je creuse mes pétales en espérant l’été
sais-tu pourquoi les hommes promettent le passé
sais-tu pourquoi tant d’hommes croient en la paix
sais-tu où est le carrefour qui mène à la paix
pas moi je ne sais qu’écrire entre les mots
pas moi j’invente des serments que je ne sais pas lire
pas moi j’ai tué la paix en moi
sais-tu si les bombes resteront au pays mort
sais-tu qui osera jeter les guerriers au pays mort
sais-tu s’ils inventent la guerre pour laisser le pays mort en paix
Message de lune
picore la lune
petit cœur de lune
quelque part du fer écrase des chairs
d’y penser j’invoque la lune
grimpe vers la lune
petit cœur de lune
tu ne sauras jamais danser sous le feu
image ne rime pas avec courage
entends-tu le fracas des mots dans le vide ?
supportes-tu la dernière étoile en carton ?
La chair du monde peu à peu pourrit
la brume à venir ne cachera pas l’odeur
tu sais le monde enfoui
bientôt grippé bientôt à l’arrêt
traverse la brume
lève tes ailes fragiles
au moment
ferme les yeux
caresse la lune
Entrelacs, poème à deux mains, co-autrice Iazel Vallorca, Jean-Claude Taïeb éditions, octobre 2022
première de couverture : « Deaming » (2021, 43×83) de Hadassa Wollman
« Un prestigieux jeu poétique à deux voix réussi. Deux auteurs qui par ricochets livrent leur parole. Chaque strophe écrite par l’un donne l’impulsion créatrice à l’autre. Ainsi surgit un entrelacs d’images et de pensées dont le sens se déploie à l’unisson. Tout le travail ludique consiste à ne jamais dévoiler au lecteur qui à écrit quoi. Chaque strophe déteint sémantiquement sur la suivante si bien que le critique littéraire, fin détective, ne pourra déceler quelle face du ruban de Moebius appartient à Iazel Vallorca ou à Pierre Ech Ardour. »
EXTRAIT
Depuis l’éphémère défigure l’ignorance
toute réalité. Du jeu des corrections,
irréel le vide est folâtre beauté.
L’éventail des possibles
dévoile à contre-ratures,
brise à l’ébauche du sens
les mots non advenus.
Hautes s’éteignent secrètes nos flammes.
Noir providentiel ouvre
claire-voie astrale,
blanche nacelle
où s’aimantent
les arpèges régentés
des cosmos.
Poésie Chirale, Cap de l’Étang Éditions, octobre 2022
couverture Bruno Salgues / ilustrations issues de la revue « Le Ballet au XIXe siècle », éditions de la Nouvelle revue française, numéro spécial de décembre, Paris, 1921
Ce recueil Poésie Chirale est dédié à Carole mais il n’aurait pas été écrit sans l’apport d’enfance de mes parents, de mon père chimiste et de ma mère artiste.
Ici, le poète persiste et signe, cette étrangeté de la poésie est cet ailleurs qui semble si familier et pourtant unique. Toute réitération est une tentative d’existence. Tout propos est d’une affirmation vitale : rien, rien n’est perdu.
Avant-propos
« La chiralité est une réalité pour moi, permanence des origines, une des notions et faits propres à la nature. Cela interroge l’origine, tout comme la gémellité, mais aussi les naissances triples et la différence de la gauche et de la droite. C’est également un champ d’exploration infini de création de molécules chirales pouvant avoir des applications infinies. C’est cette familiarité et ces ressemblances associées à la nuance de la latéralité qui permet de concevoir et de voir le monde différemment. Cela touche l’ensemble de la nature, de la vie, de l’existence, de la sexualité.
C’est également la vision permanente de l’empreinte de Chirotherium qui m’a hanté et continue de me fasciner depuis la plus tendre enfance. C’est une signature ressemblante, mais unique, c’est une affirmation : quel est notre semblable mais qui ne serait pas nous, séparé par cette chiralité ?… » (François Szabó)