S’auto-éditer ?

Joëlle Wintrebert nous rappelle le lien vers le site de Jean-Claude Dunyach qui permet d’accéder gratuitement à un excellent tutoriel pour créer soi-même un ebook.
Sinon, sur l’autopublication, un article d’ActuaLitté paru le 16 février 2016 : Modèle auteur-entrepreneur : les auteurs peuvent-ils vraiment s’auto-éditer ? 

autopublication-service

Pour ceux qui souhaitent être vraiment guidés, des plateformes permettent de réaliser facilement son livre, comme celle d’Amazon.
Et pour les plus feignants, on peut rappeler les services proposés par un excellent maître d’œuvre, Joseph Périgot (qui vit à Bédarieux, au bord de l’Orb). Voici ce qu’il nous dit :

« Ma fréquentation des participants aux ateliers d’écriture de Virginie Lou m’a permis de constater que nombre d’entre eux envisagent, un jour ou l’autre, de publier leurs textes, d’en faire un « vrai livre ». À défaut d’être « accepté » par une maison d’édition classique – ce qui est de plus en plus difficile dans un secteur dénaturé par la recherche du profit –, éditer un livre sur papier et un ebook est le point d’aboutissement de ce dur travail de patience qu’est l’écriture. Par chance, la technologie numérique permet aujourd’hui de faire fabriquer un livre en un seul exemplaire, et pour la modique somme de 5 €. C’est ce qu’on appelle « l’impression à la demande » (POD, « Print On Demand » en anglais). De plus les réseaux sociaux sont là pour faire connaître l’ouvrage. Même s’il ne se vend qu’à vingt exemplaires, l’auteur aura le plaisir du partage. Mais la préparation des fichiers pour l’impression requiert un minimum de savoir technique qui fait souvent défaut aux auteurs. D’où l’aide que je propose, pour le prix forfaitaire de 390 €, avec la garantie d’un résultat professionnel. J’ai écrit quelques livres, j’en ai mis en page comme graphiste, imprimé comme imprimeur, édité comme éditeur, vendu comme libraire. En somme, j’ai fait en trente ans toute la chaîne du livre, à l’exception du maillon diffusion-distribution. Je crois pouvoir dire que je connais mon affaire !
Consultez mon site : autoedition.litteratures.fr »

Illustration : photographie de l’article d’ActuaLitté

 

 

Adoption du rapport Reda

un article de la SGDL, relayé par Joëlle Wintrebert

Chapelle Sixtine

Vendredi 17 juillet 2015

La SGDL est globalement rassurée mais reste vigilante suite à l’adoption par le Parlement européen du rapport de Julia Reda.

Le rapport de la commission juridique sur l’évaluation et la révision de la directive de 2001 sur le droit d’auteur a été adopté par le Parlement européen le 9 juillet 2015. Contrairement au texte initial présenté par le rapporteur Julia Reda, le texte adopté apparaît relativement équilibré entre nécessaires évolutions et respect des principes du droit d’auteur.
Les dispositions les plus inquiétantes pour l’avenir du droit d’auteur ont été écartées, en particulier le principe d’une généralisation des exceptions ou limitations au droit d’auteur sans rémunération pour les ayants droit.

Le communiqué du Parlement européen rappelle toutefois qu’il ne s’agit ici que d’une première étape et que « la Commission européenne devrait présenter une proposition d’ici fin 2015 afin de moderniser le droit d’auteur de l’Union Européenne pour l’adapter à l’ère numérique ».
La demande réitérée du Parlement de « revoir les exceptions en vigueur dans les législations sur le droit d’auteur » et « d’analyser la possibilité d’introduire une exception permettant aux bibliothèques de prêter des œuvres sous format numérique » reste toutefois préoccupante.
Le Parlement souhaite en revanche la mise en œuvre de « mesures visant à garantir une rémunération équitable et appropriée pour toutes les catégories de détenteurs de droits, notamment en ce qui concerne la distribution numérique de leurs œuvres, et visant à améliorer la position contractuelle des auteurs, interprètes ou exécutants par rapport aux autres titulaires de droits et intermédiaires », ce dont nous ne pouvons que nous réjouir.
L’inacceptable irresponsabilité des intermédiaires du net vis-à-vis de la diffusion de contenus illicites et l’absence d’harmonisation fiscale entre les grands opérateurs de la diffusion numérique devront également être portées au débat qui occupera tous les acteurs au second semestre 2015.

Le Forum de la SGDL du 22 octobre 2015, consacré à l’avenir du droit d’auteur en Europe, sera l’occasion de débattre de ces sujets déterminants pour l’avenir de la création et des auteurs et de réaffirmer clairement nos positions.

Le rapport Reda expliqué

Illustration : La Chapelle Sixtine
(Ses peintures sont tombées dans le domaine public depuis des décennies, toutefois ses photographies ont longtemps fait l’objet de droits exclusifs au profit d’une entreprise japonaise.)

Michel Jeury, de Joëlle Wintrebert

Michel Jeury

Nous avons reçu ce matin, 10 janvier, une très mauvaise nouvelle : notre ami Michel Jeury, qui souffrait depuis quelque temps de graves problèmes cardiaques, est décédé hier, en fin d’après-midi.

Michel avait été l’un de nos adhérents de la première heure.
Né en 1934, en Dordogne, il s’était fait connaître, au début des années 70, par des romans d’anticipation (Le Temps incertain, 1972, Soleil chaud, poisson des profondeurs, 1976, Le Territoire humain, 1979, pour ne citer que ceux-là sur les 42 romans parus) qui devaient marquer d’une empreinte formidable le monde de la science-fiction.
Michel était aussi un nouvelliste. Il a écrit une bonne centaine de nouvelles.
Au bout d’une carrière fructueuse et couronnée par les prix les plus prestigieux, il abandonnait la science-fiction qui ne lui permettait pas de nourrir sa famille pour se consacrer à la littérature de terroir, avec un succès considérable dès la publication de son premier roman dans ce genre : Le Vrai Goût de la vie, 1988, prix Terre de France/La Vie.
En 1995, son roman L’année du certif obtenait le prix Exbrayat, avant d’être adapté, dès 1996, à la télévision. Sa série sur l’école (tout comme ses essais sur cette question qui le passionnait) a été unanimement appréciée.

Récemment, Michel était revenu à ses premières amours avec un livre phare, May le monde, paru chez Robert Laffont en 2010, un chef-d’œuvre d’invention et de poésie couronné par le Grand prix de l’imaginaire 2011.
La maison d’édition « Les Moutons électriques » avait également rassemblé ses nouvelles d’anticipation dans le recueil La Vallée du temps profond (2007).
Et une importante exposition, « Entre futurs et terroirs », lui avait été consacrée en juin 2013, à Issigeac, ville où il a longtemps vécu et qui lui a dédié une rue.
L’auteur fourmillait d’idées et de projets. Hélas, la maladie a eu raison de lui.

Michel était un homme merveilleux, toujours disponible, toujours prêt à venir au secours de tel ou tel jeune écrivain qui sollicitait son aide et dont il pensait pouvoir lui servir de guide. Il y est parvenu, bien des fois.
Il a dispensé tant de conseils, et à tant d’entre nous ! Il aimait la rencontre et la discussion. Il va énormément nous manquer.

Pierre tombale imaginée par Michel Jeury en 1977

Presse :
Michel Jeury est mort
, article de Agathe Auproux, LivresHebdo, 12 janvier 2015

Pour en savoir plus sur Michel :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Jeury
http://www.noosfere.org/icarus/livres/auteur.asp?NumAuteur=36 (on y trouve les résumés et des critiques de tous ses livres de SF)
http://www.quarante-deux.org/les_Recits_de_l’espace/Michel_Jeury/ (pour lire ses nouvelles, en accès libre)
http://blog.jeury.fr

Illustrations : Portrait de Michel Jeury, ©Bruno Para, 2008 / Tiré du documentaire- fiction Opzone 24. L’écrivain avait prévu la date de sa mort en 1977 alors qu’il tournait ce docu-fiction qui décrivait Issigeac en 2050 comme une zone préservée. Il se terminait sur l’image d’une pierre tombale où l’on pouvait lire « Michel Jeury 1934-2015 ».

Le Don des chimères, de Joëlle Wintrebert

couverture Rêver 2074, J Wintrebert
Le Don des chimères
, novella dans le recueil collectif « Rêver 2074 », éditions Comité Colbert, 3 novembre 2014

Une idée de bel-être, ça vous dit ? Des objets calliphores doués d’orbiquité ? Vous ouvrez de grands yeux ? Vous demandant d’où sort ce baragouin noventique, de quels repaires intiplanétaires ? Venez imaginer l’utopie en 2074, avec Alain Rey en figure de proue pour délirer poétiquement sur les néologismes de demain.
Six nouvelles de fiction de Samantha Bailly, Jean-Claude Dunyach, Anne Fakhouri, Xavier Mauméjean, Olivier Paquet, Joëlle Wintrebert, et une composition musicale de Roque Rivas, en collaboration avec l’IRCAM-Centre Pompidou pour rêver l’avenir.
Accès libre sur toutes les plates-formes de téléchargement, ou directement ici .

Antoine Blanchemain – Le Prunier, 21 février 2014

Antoine Blanchemain, 3 decembre 2004

La première fois que j’ai rencontré Antoine, c’était dans le cadre du Trophée Chêne, que décernait la Région. Il en avait été lauréat en 1994 pour son merveilleux livre, Le Jardin interrompu, et tout lauréat devenait juré pour le prix de l’année suivante… Or j’avais postulé à mon tour, et Antoine devait me couronner pour mon roman Comme un feu de sarments. Avait-il voté pour moi ? Antoine n’a jamais été amateur de fiction, lui préférant toujours les récits et les biographies, et j’étais sûrement un vilain petit canard dans sa mare, mais cela nous donna l’occasion de faire connaissance, au cours de la grande fête qui suivit.

On se voyait ensuite de loin en loin, lors des manifestations fastueuses du Centre régional des lettres et on avait plaisir à discuter. Dès que la décision fut prise, après la dissolution du CRL par Georges Frêche, de créer en 2004, à quelques-uns, l’association d’auteurs qui manquait tant à la région, Antoine fut l’un des premiers à nous rejoindre… et il en devint très vite l’un des piliers.
Il avait accepté le poste mistigri, celui que tout le monde fuit comme la peste, la fonction de trésorier, et je ne sais pas comment je m’en serais sortie sans lui, sans son indéfectible soutien, alors que j’étais présidente, et que nous assurions l’intérim dans un si grand moment de vide pour la Région et pour l’État que ces instances nous donnaient à gérer des tâches trop importantes pour nous faute de personnel… avec un budget associé.
On a pesté pas mal de fois, tous les deux ! Contre les tutelles dont nous ne voulions pas, contre le comptable qui ne comprenait rien, contre nous-mêmes qui ne comprenions pas le comptable, et ça finissait dans des éclats de rire. Quelquefois aussi dans des grincements de dents, je dois l’avouer. On saturait sous l’ampleur de la tâche. Le bénévolat présente de sacrées limites.

Heureusement il y avait les dîners d’auteurs instaurés tous les mois qui succédaient à nos CA. On s’y défoule joyeusement. Tout est passé à la moulinette. Contrats, éditeurs, critiques, relations avec les médiathèques et autres prescripteurs… Parfois, on parle même de littérature ! Du dernier livre de tel ou tel qui nous a frappés. Ou de techniques d’écriture. Des projets créatifs de l’association, également.
Ce qui nous fascinait, chez Antoine c’était cet enthousiasme qui ne se démentait jamais. Et cette passion juvénile qui lui enlevait vingt ans et lui conférait une démarche dansante et une vitalité de jeune homme. Je n’oublierai jamais comment en 2007, lors de la fête que nous avions organisée pour célébrer la sortie de notre livre sur 1907, il m’entraîna dans une valse étourdissante. C’était un cavalier hors pair. Je ne réalisai que bien plus tard l’âge de ce cavalier. 82 ans ? Je n’arrivais pas à l’admettre.
Oh ! il ne faut pas croire qu’il ne râlait pas, il était pétri d’impatience, mais son humour l’emportait. Et son intelligence, ce magnifique talent d’auteur qui lui a permis de donner de si belles pages aux livres que nous avons réalisés ensemble.

Je ne parle pas de ses livres à lui, vous les avez tous lus. Ses livres de partage, où passait tout ce qui avait construit sa vie. L’utopie, les absents, les jardins, la montagne aussi rude qu’admirable, les bêtes, les gens, petits et grands, qui façonnent une ville.
Jusqu’au bout, Antoine est resté un écrivain en devenir. Il ne cessait de vouloir toujours plus, d’aller toujours plus loin dans l’écriture. Il savait que j’avais fait de la direction littéraire, alors il me priait de le relire, de me montrer impitoyable. Lui, le styliste, était avide de critiques, et retravaillait sans jamais se lasser.
Il aboutissait à des chefs-d’œuvre comme cette Promenade du chien, qui m’avait éblouie, ou plus récemment, si tard que nous nous demandons encore comment il a pu en venir à bout malgré sa fatigue, le récit biographique dont il nous a fait l’ultime cadeau, d’une merveilleuse limpidité et qu’il faut lire absolument : Mes Guerres à moi.

Je terminerai par ces mots que rappelait l’une de nos adhérentes et qui sont du pur Antoine : « Âgé, mais pas encore usé par la vie, bien que j’en aie eu plusieurs. Peu de qualités, mais aucun défaut (juste quelques particularités que d’aucuns supportent mal). » Il nous reste à prier qu’Antoine ait commencé une nouvelle vie, de l’autre côté, et à nous souhaiter de l’y retrouver, un jour, toujours aussi élégant, insolent et gouailleur.

 Joëlle Wintrebert

Portrait d’Antoine Blanchemain, 3 décembre 2004 (confié par Isabelle Blanchemain)