Être en poésie (3) par François Szabó

article paru dans l’Étrave n°284, novembre-décembre 2024, une publication bimestrielle de Poètes Sans Frontières (revue papier)

Être en poésie c’est également se soucier de contrainte et de liberté engendrée. C’est avoir une conduite réelle telle que celle de toute une vie de Louis Zukofsky acteur de l’Objectivisme américain ainsi que celle discrète de Lorine Niedecker avec son principe de « condenserie » qui lie toute son œuvre de poèmes issus d’objets documentaires, de la réalité bien concrète, de l’épuisement de lieux.

Partition musicale et présentation de la nature se mêlent afin d’affronter le réel. Cette exigence complète se fait en faveur du poème, le lecteur est convié à une connaissance transmise avec rigueur et totale dévotion. Rien n’est à moitié, tout est offrande;

La Poésie à l’épreuve du monde demeure ce qu’il y a de plus précieux et n’est pas toujours si courante et pourtant si indispensable.

Que dire, que faire ? Déjà être à l’écoute, préalable à toute création puis restituer artistiquement cette expérience vécue. Rien de plus nécessaire que d’éjecter toute vulgarité, ensuite accéder à la tendresse que seule une vie tendue vers cela peut transmettre.
Enfin être en harmonie reste le cœur du lieu en Poésie et ne jamais transiger afin de créer une œuvre aimante et tolérante, vive ardeur toujours réitérée.

Être en poésie (2), de François Szabo

Paru dans l’Étrave n°283, septembre-octobre 2024, publication bimestrielle de Poètes Sans Frontières (revue papier)

Être en poésie c’est d’abord rester vivant, c’est célébrer la vie inlassablement, c’est créer un univers viable, c’est tracer des lignes convergentes, c’est s’émerveiller et émerveiller tour à tour, c’est exprimer ce qui ne se peut autrement, c’est user d’une langue étrange-étrangère, c’est exprimer un message, c’est retransmettre cela qui tient à la fois de la nature et du sublime, du prosaïque ou du sacré.

C’est également avoir accès à l’œuvre de Ramon Llull, appliquant chaque jour une métaphore morale. Écrire de la poésie c’est surtout déterminer la cinématique du poème : tout ce qui donne cohérence et sens. Discipline et pratique, lecture et création, uniques schémas de l’œuvre poétique en cours.

Puisque penser à l’autre est constitutif de l’œuvre littéraire, il n’y a jamais d’écart entre le texte et le destinataire, entre le poète et la muse, entre le duo formé et le sens réel du message.

C’est engager sa vie vers cela, à venir, à imaginer un futur construit patiemment, plein d’imagination et de ferveur.

Enfin c’est le meilleur moyen d’être en harmonie, la solution ultime pour l’apaisement et le réconfort, la délivrance et la réalisation.

Successive à la lecture, l’écriture est la réponse à toute ontologie, chaque poète le sait de manière inconsciente ou consciente, rêve éveillé, rêve permanent, univers choyé, demeure confortable et accueillante, Telle est donc cette demeure où le poète est niché et d’où il s’adresse.