un article critique de Jean AZAREL, 14 janvier 2016
à propos du dernier livre d’Hélène Dassavray, collection Sur le billot, éditions lBl, la Boucherie littéraire, 2015
« On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive ». Tel est le postulat, et le titre, du dernier recueil d’Hélène Dassavray paru aux éditions La Boucherie Littéraire. À mots découverts délicatement posés à l’aune de la féminité, Hélène Dassavray raconte l’histoire dans l’Histoire des femmes fontaines, et c’est un bonheur de boire cette eau-là qui mène en douceur à l’au-delà poétique.
« Si une petite mort / Fait jaillir une fontaine de l’aven / Qu’en est-il de la grande et de ses abysses / La femme sage / Le sait / De source sûre ».
On me dira que c’est la moindre des choses que les poèmes ruissellent, coulent, inondent, éclaboussent parfois, s’épandent de page en page comme le meilleur engrais. Certes, mais ils le font ici avec une élégance mesurée, une écriture au doigté fertile, un respect de la matière transfigurée, qui appartiennent à celles qui ont vraiment vécu et savent le raconter avec une humilité palpable.
« Une femme voit couler son sang à chaque lune / Peut être pour cela / Qu’elle éprouve moins le besoin / De Verser celui des autres ».
Il me faut l’avouer : j’ai longtemps cru que les femmes étaient les seules à pouvoir sauver le monde, et accessoirement (égoïstement) ma personne, avant de me rétracter. À la fin de la traversée délicieusement liquide effectuée avec « On ne connaît jamais la distance exacte entre soi et la rive » d’Hélène Dassavray, je me suis remis à espérer.