théâtre, pièce à 2 personnages féminins
Nours s’approche de Gus, change de ton, plus posé et sérieux.
Nours – Franchement !… tu veux savoir ?!… Je ne fais pas ça pour l’argent ! J’ai un but dans la vie, moi, Monsieur!
Gus – Ah oui… vous avez un but ? Et c’est quoi votre but ?
Nours – Un truc qu’un mec aussi con que toi ne doit même pas connaître : l’amour avec grand A…
Gus haussant les épaules – Pfff !
Nours faisant mine d’asséner un violent « coup de boule » à Gus. – …Tête d’âne !
Gus déséquilibré par l’esquive ; sur la défensive – Non, mais ça va pas !… Je n’ai pas peur de vous ! Avec les enfants ça marche peut-être, mais avec moi, vous trouverez à qui parler !
Nours fait mine de recommencer plus menaçant.
Gus – Ah, c’est facile, hein ! … C’est facile comme ça, hein…
Nours – Tu m’étonnes !
Nours lui colle une pichenette.
Nours – Tu vois un truc à rajouter ?
Gus vexé – Là vous allez trop loin ! … Vous allez vous excuser immédiatement !
Nours – Allez ! File ! Je veux plus te voir !… Tu me fais mal…
Nours se retourne et va prendre le landau de Gus.
Nours – Je garde ton gosse… je suis sûr que s’il pouvait choisir il te voudrait même pas comme papa… t’es pas drôle !… Tu l’aimes ton fils ?… Alors fais-lui un cadeau… débarrasse-le de toi !… abandonne-le !… il aura plus de chance de s’en sortir seul qu’en vivant à côté de toi… (il crie) allez, fous le camp !
Gus se précipite alors sur le landau de Nours, en sort le revolver et braque Nours de façon académique.
Gus – Maintenant ça suffit ! Lâchez ce gosse immédiatement !
Nours – Qu’est ce que t’as là ?… Tu nous fais une crise ?
Gus – Je suis de la police et je vous arrête !… Vous lâchez ce gosse maintenant et vous mettez les mains sur la tête.
Nours éclate de rire.
Gus pas très sûr de lui – C’est toi qui kidnappe les gosses hein ?… c’est clair… tu vas me suivre et tu nous expliqueras tout ça au poste…
Nours – T’as une carte de police ?
Gus – Je ne l’ai pas sur moi !
Nours – Pas de carte… pas d’arrestation !… Toi, t’es pas de la police !
Gus – Si… j’ai fait un stage dans la police !
Nours – Ah OK !… ben t’as déjà tout appris à ce que je vois !
Gus – N’essayez pas de me troubler en flatterie !
Nours – T’as tout compris de la police… t’as déjà oublié que t’es trop con pour avoir un vrai boulot… et tu te crois au-dessus de tout ! Monsieur veut jouer à la Fouine face à l’Aigle et au Félin…
Nours rentre ses mains dans le landau de Gus ; on comprend qu’il tient le bébé par le cou.
Nours menaçant – D’accord… je serre !
Gus nerveux – Je te préviens je tire !
Nours calme – Vas-y… Si tu me tues, il meurt avec moi.
Gus hurlant – Lâche mon gosse ! Lâche-le, tout de suite !
Nours – Tu baisses ton revolver et je t’apprends comment avoir des gosses sans les faire ! Gus braque son revolver sur le landau de Nours.
Gus au bord de la crise de nerfs – Mais je vais le foutre en miettes ton gosse ! Je vais le cramer !
Nours lâche l’enfant de Gus et s’avance de deux pas.
Nours hurlant – T’es malade ! … s’attaquer à un gosse c’est n’importe quoi ! … il n’y est pour rien lui ! Je t’ai dit que je te la donnerai ma méthode.
Gus ramène alors le revolver sur Nours qui s’arrête. Nours replonge une main dans le landau de Gus.
Gus – Lâche le landau et après je t’écoute.
Nours – D’accord… Mais d’abord tu me rends mon gosse…
Gus sur un air victorieux. – Ha… là d’un seul coup c’est ton gosse hein ?!…
Nours pose sa mais sur sa poussette puis sur un ton joueur.
Nours – Il est à moi ! (il enlève sa main) l’est pas à moi !… (il remet sa main) l’est à moi !… (puis même jeu en l’accélérant) l’est pas à moi !… l’est à moi !… l’est pas à moi !… l’est à moi !…
Gus regarde interloqué et surpris le jeu de Nours puis d’un seul coup se reprend.
Gus – Oh mais tu vas arrêter tes conneries… je vais vous exploser la gueule à tous les deux maintenant…
Nours – Oh calme-toi !… allez rends-moi mon gosse !
Gus – Toi d’abord ! Pousse le mien jusqu’à moi.
Nours – D’accord si on le fait en même temps… puis calme-toi, y a pas mort d’homme !… pas encore !
Gus – Fais gaffe à toi… tu pourrais être surpris !
Nours et Gus se placent devant les landaus.
Gus – A trois ! C’est moi qui compte.
Nours – A trois, on jette ?
Gus – Non, on ne jette pas, on pousse !
Nours – Bon ben tu comptes !
Gus – Un … deux … attends ! Et le frein…
Gus montre les roues du landau de Nours. Nours tente de défaire le frein.
Nours – C’est bloqué…
Gus – Tu te fous de ma gueule ?… Arrête de jouer avec mes nerfs !
Nours semble forcer sur le frein.
Nours – Je t’assure, c’est bloqué.
Nours s’énerve sur le frein et secoue violemment le landau.
Gus – Mais arrête de le secouer comme ça ! Ce n’est pas un flipper mon landau !
Nours excédé – Viens le faire, toi, puisque t’es si malin…
Gus – Tu crois que je ne te vois pas venir, là ?
Nours essayant encore en vain – Bon, moi ça me fait chier.
Gus – Essaye de le pousser !… Mais doucement…
Nours bouge le landau qui dérape sur le sol ; Nours insiste, le landau penche.
Gus – Arrête ! C’est bon… Tu vas faire tomber mon gosse !
Nours – Bon, tu viens ici et je vais là-bas. Comme ça, les landaus, ils ne bougent pas…
Gus – D’accord. Mais on marche en même temps.
Nours las – Oui, oui, si tu veux.
Gus et Nours décrivent un cercle, chacun rejoignant le landau opposé. Gus marche, pas chassés, en braquant Nours. Nours avance nonchalamment. Lorsque les deux hommes se croisent, Nours hausse les épaules d’un air moqueur en voyant Gus crispé sur son arme.
Nours – Ah la police !…
Ils arrivent chacun à leur landau. Gus, tout en gardant Nours en joue, se baisse pour débloquer le frein de son landau.
Nours – T’inquiète pas, je ne l’ai pas cassé ton frein !
Gus débloque facilement le frein de son landau.
Gus a parte – avec fierté – Il ne sait même pas débloquer un frein de landau !… Ah, pour la force, ça va… mais quand il s’agit de finesse !…
Gus place le landau derrière lui.