Contes détournés au théâtre, de Brigitte Saussard

Contes détournés au théâtre, théâtre pour enfants, éditions Retz, avril 2021

Il s’agit d’un recueil théâtral collectif de pièces qui s’adressent à des enfants de 7 à 12 ans et à leurs animateurs. Les pièces partent des contes les plus célèbres de chez nous et les détournent de façon ludique et originale. Les enfants peuvent tout aussi bien les lire seuls que les jouer. D’une durée entre 5 et 40 minutes, ces pièces permettent de faire jouer de 4 à une trentaine d’acteurs.

 

EXTRAIT in Un drôle de Loup – Scène 1

On est dans la forêt. Le petit Chaperon rouge entre côté jardin. Elle se promène tout en jouant avec son ballon et rejoint ainsi l’opposé de la scène. Elle s’arrête.

Le petit Chaperon rouge
Tiens, tiens, une cabane ! Qui c’est-y donc qui peut bien habiter là ? (Criant et faisant mine de frapper.) Toc, toc, toc !… Y a quelqu’un ?

La voix du Loup 1, criant mal aimable.
Ouais ?!! Qu’est-ce que c’est ? (Le Loup 1 apparaît.)

Le petit Chaperon rouge
Oh, bonjour Monsieur le Loup ! Je ne vous reconnais pas. Vous êtes nouveau par ici ?

Le Loup 1, bougon.
Pfff !!! Qu’est-ce que ça peut te faire ? Nouveau ou pas, tu me réveilles là !!! Et je ne suis pas du tout d’humeur à causer !

Le petit Chaperon rouge
Oh, excusez-moi ! En fait, je viens me présenter. Je suis le petit Chaperon rouge et je suis votre voisine. Enfin j’habite pas très loin d’ici, vous savez, la maison à l’entrée de la forêt (Montrant l’endroit d’où elle vient.), là-bas.

Le Loup 1, mal aimable.
Eh bien qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Il y a belle lurette que je ne mange plus les petits Chaperons rouges ! Fiche le camp, tu me déranges. Et je ne veux pas d’histoire ! Va-t’en d’ici ! Allez file ! (Il rentre chez lui tandis que la fillette repart penaude.)

Le petit Chaperon rouge, traînant les pieds.
Pffffff ! Qu’est-ce qu’on peut s’ennuyer par ici ! C’était tout de même mieux avant ! Il faut que je trouve une idée… (Elle sort côté jardin.)

 

Cinq langues de feu, de François Szabó

Cinq langues de feu : notes amoureuses pour un oiseau céleste, poésie, Obsidiana Press, avril 2021

Il s’agit d’un recueil de poésie en catalan, russe, castillan, américain et italien avec une version française parcourant par bribes une existence amoureuse pour Carole. Entre la célébration et la ferveur.

Cet ebook anticipe la Sant Jordi (23 avril) 2021.

Accès libre ici

 

Lexique amoureux de Sète, de Bernard Lonjon

Le Lexique amoureux de Sète, éditions CAIRN, avril 2021
Coauteurs : Jocelyne Fonlupt-Kilic et Bernard Wagnon

Comme son nom l’indique, ce Lexique amoureux de Sète est une déclaration d’amour à l’île singulière chérie par les trois auteurs : Jocelyne Fonlupt-Kilic, Bernard Lonjon et Bernard Wagnon, qui, s’ils n’en sont pas originaires, sont tombés sous le charme et ont choisi d’y vivre.

Véritable ode à la découverte des attraits de Sète, ce manifeste poétique, gustatif, visuel espère entraîner le lecteur sur des sentiers de traverse. Comme le ferait une balade en compagnie de trois amis entre étang de Thau et mer Méditerranée avec pour mots d’ordre : subjectivité, diversité et sensibilité.

De Paul Valéry à Georges Brassens, du mont Saint-Clair aux plages du Lido, de la tielle à la macaronade, des goélands aux bateaux de pêche, des anarchistes sétois à la Venise du Languedoc, de Manitas de Plata à Agnès Varda… voici une invitation gourmande à suivre les traces humaines, sociales, historiques et culturelles de cette ville-port baignée par le soleil, ancrée dans le golfe du Lion et dans l’Occitanie. Qui rayonne sur la Méditerranée.

 

      

Migre déraciné un temps, de Pierre Ech-Ardour

Migre déraciné un temps, poésie, éditions Levant, avril 2021
illustration de 1ère de couverture : Vague à l’âme. Lueur de vie, 2018, Étienne Schwarcz (peinture sur papier d’art 100 x 100 cm)

 

Le recueil contient cinquante-cinq poèmes écrits au jour le jour d’une période privée de liberté durant laquelle l’espoir n’a jamais cessé de motiver le calame, d’inscrire en la temporalité de l’expérience la nécessité de clamer son souffle et d’affranchir sa poésie.

Gisaient des ombres en le repli des libertés. M’interpellait le joug de déshumanisation.  Chaque mot sur le chemin de la langue discernait en le temps et un lieu le dépassement de mon enfermement. Sédentarisée courait en conscience l’inspiration jusqu’à m’ouvrir salvateurs des horizons, nouvelles des pistes d’errance.  Jour après jour, prégnante pointait en le souffle de mes mots, expressive l’écoute d’un monde en déviance. L’apparence diaphane masquait le visage. Imprévisibles les distances creusaient les écarts. Messagères des possibles et contraires sapèrent les influences espérance et confiance. (Note de l’auteur)

L’édition originale comporte 300 exemplaires dont 50 numérotés signés de l’auteur et du peintre.

Pollen, de Joëlle Wintrebert

Pollen, anticipation, collection Les Poches du Diable, éditions Au diable vauvert, mars 2021
Illustration de couverture : Olivier Fontvieille


Sur Pollen, une civilisation matriarcale, utopiste et pacifiste maîtrise la reproduction par manipulation génétique et gestation in vitro.
Pour éradiquer la violence, elle a fait naître un garçon pour deux filles et relégué ses guerriers sur un satellite. Mais toute société de contrôle porte en elle les germes de la rébellion…

 

EXTRAIT

Mon arbre, avait-elle murmuré plus tard, tout son être réunifié, caressant de ses lèvres le néoderme sous lequel coulait la vie. Quand il y avait trop de questions, la sève donnait des réponses.
La nuit était très avancée quand elle avait appelé Kindia. La marraine n’était pas couchée. Elle avait attendu, patiente, non des excuses mais la preuve que Sahrâ n’allait pas se détruire. Oui, les guides croyaient bien faire en obligeant les jumelles de Sandre à reprendre une vie normale. Toute sollicitation paraissait préférable à l’enfermement du chagrin.
Et Sahrâ marchait, les doigts crispés sur la main de Salem, entre les cuves où se développaient les triades, écœurée de s’apercevoir que le processus n’était pas si différent de celui des cuves à viande dont on leur avait appris le fonctionnement six mois plus tôt.
Autour d’elles, des filles poussaient des trilles d’oiseaux excités. Sahrâ remarqua que beaucoup de garçons s’étaient séparés de leurs sœurs et, rassemblés, chuchotaient en regardant le système vasculaire des endomètres où circulait un sang artificiel mû par des pompes électriques.
La forte voix de Grimsel expliquait les mécanismes du développement depuis la formation du blastoderme. Une lumière rétroprojetée éclairait les matrices tour à tour, appuyant ses propos. Derrière les muqueuses villeuses aux veines rouges, on discernait des formes de moins en moins petites. Sahrâ tressaillit en découvrant dans plusieurs cuves des triades presque matures et qui se tenaient enlacées.
Elle ne doutait pas d’avoir étreint elle aussi son frère et sa sœur dans la matrice. La nostalgie la frappa si fort qu’un vertige la prit. Elle dut se cramponner à Salem pour ne pas tomber. Grimsel les surveillait sans doute, conscient de ce qu’on l’avait obligé à exiger d’elles, ce jour-là. En un instant, il fut là, soutenant Sahrâ, disant qu’il les dispensait de la partie théorique du cours, qu’il les autorisait à regagner leur nid.

Bien après les jours et les saisons, d’Annick Dénoyel

Bien après les jours et les saisons, essai autobiographique, éditions DÉMO, janvier 2021

Mené comme une promenade sur des chemins tant physiques que psychiques, à la frontière de l’autobiographie et de l’essai, le texte se saisit de quelques souvenirs pour les mettre en lien et montrer, non démontrer, la formation d’une pensée, d’une identité.
Partant d’expériences simples comme regarder un paysage ou, de plus près, une nature morte, le récit remonte aux épreuves les plus intérieures, fondatrices et universelles : apprentissage de la lecture et de l’écriture, découverte de la folie et de l’amour…

Que ce soit en contrepoint ou à titre principal, l’art accompagne continument le sujet mettant en œuvre les forces constructives de la création tandis que la quête de sens, avec les forces morcelantes de l’analyse qu’elle nécessite, le déconstruit. Entre images et mots, une forme propre à contenir une pensée et par voie de conséquence une vie, s’élabore.
Il devient dès lors possible de faire retour au monde et marcher le long d’une voie de tramway pour rencontrer le réel sous la figure d’une fleur.

 

EXTRAIT

Qu’un enfant s’ennuie, et le voilà qui, tout en tripotant un objet, ce peut être n’importe quoi qui fasse support à sa réflexion, tente quelques mots puis, si tout se passe bien, si on ne l’interrompt pas, ébauche une petite histoire qui, au fur et à mesure de ses audaces, s’affermit, s’articule et se construit. Du désir prend forme. Il apprend à lire puis à dire dans son livre intérieur. Ça commence là, la lecture. En soi. Dès tout petit, mais on ne le sait pas. Bien sûr, officiellement, on dira que j’ai débuté l’apprentissage de la lecture et de l’écriture avec ma mère, à l’école maternelle, en moyenne section, selon la méthode globale toute fraîchement sortie des directives académiques. J’avais trouvé cela facile : à une chose correspondait un mot et il y avait beaucoup de choses, donc beaucoup de mots. Ces mots par ailleurs je les connaissais puisque je les utilisais souvent mais la nouveauté consistait en ce que je pouvais les voir. Chacun avait une mine bien particulière. Fait d’un petit ruban, court ou long, il courait à l’anglaise sur une ligne horizontale imaginaire, compact et cohésif, avec des points ou des accents qui le coiffaient joliment. Il affichait fièrement son nom au regard d’une image qui lui était associée. Il fallait juste que je me souvienne de ce à quoi il ressemblait ce que je n’avais aucun mal à faire. Mon prénom écrit, ma photo et moi en chair et en os, ça ne faisait qu’un. Du trois en un. Une trinité d’une logique imparable. Lire la suite…

Poèmes Passe-montagnes, de Jean Azarel

Poèmes Passe-montagnes, livre d’artiste (série limitée), réalisé en plomb mobile à l’aide de presses manuelles typographiques, éditions Les Monteils

 

Du Mont Lozère à Conques, des ruisseaux aux prairies d’altitude, au gré des éléments, le poète a écrit en liberté des pérégrinations poétiques illustrées par des gravures de Marc Granier.

 

Les bêtes à l’abri sont chocolatées d’un automne infini.
Parfois dans la lenteur d’ici qui respire entre deux phrases,
les regards se tournent vers le Mont
Il neige sur Finiels.

Les toits du Fel au loin étincellent. La route se tortille, creuse le schiste d’étreintes fiévreuses en chisteras volages. Vallées profondes émiettées de lumière. Sur les pentes, cerisiers blancs, aubépines et jonquilles coiffent la vigne d’un peine indécis.

 

 

Marc Granier est né en 1953 et vit dans les Cévennes gardoises à Roquedur où il a installé son atelier. Peintre et graveur, il expose dans de nombreuses galeries et fabrique des livres d’artistes avec des poètes quand les textes  « lui parlent ».

          

Errances ludiques, de Simone Salgas

Errances ludiques, pochette de 22 planches format 20×30, éditions Coffinières (Toulouse), mars 2021
Illustrations de Bénédicte Coffinières

Historiettes, contes, fabliaux ? Rien à voir avec le Divin marquis, mais tout cela à la fois : ici, l’imagination est au pouvoir. La “folle du logis” n’en fait qu’à sa tête. N’en fait qu’à leur tête, même, car elles s’y sont mis à deux : Bénédicte Coffinières pour les images, Simone Salgas pour les textes. Avec la complicité d’Hubert Beauchamp en metteur en scène pour habiller l’ensemble… Une errance ludique réjouissante et poétique.

 

Simone parle de Bénédicte : « elle pose devant moi un tas de photos. Elle les a prises à la Vieille-Nouvelle (…)
Elle explique : je les colorie
Directement, ce verbe “colorier” ramène à l’enfance, crayons étalés sur la table, espaces dessinés, rouge, vert, jaune, la rage quand la main maladroite dépasse la ligne…
Elle prend une photo, au hasard. Un arbre règne sur la surface : je colorie avec des feutres.
Elle a colorié la photo. Un poteau rose, quelques fleurs vertes. Le bel arbre disparaît.
Elle dit : je m’amuse, c’est un délice. Le coloriage détourne le regard. Ce sont des moments jubilatoires. (…) À chacun son chemin. Prenons le temps. Divaguons en poésie avec elle ! 

 

(les images de Bénédicte Coffinières ont été réalisées à Roquefort-des-Corbières sur des papiers lignés et jaunis appartenant à sa grand-mère.)

 

    

Entre le Zéro et le Un, de Gérard Zuchetto

Entre le Zéro et le Un, poésie occitane, collection Votz de Trobar n° 28, éditions Troba Vox, mars 2021

 « Dans ce second volume d’œuvres poétiques, Gerard Zuchetto explore les chemins de la vie et observe de l’intérieur les chemins de l’âme humaine. Les deux chemins s’y poussent, s’y bousculent, s’y fuient, s’y lient et s’entremêlent, selon l’élan des mots qui ont leur sagesse, reflétant l’anti-hasard duquel René Nelli chanta l’évidence discrète.
L’auteur s’engage dans les pas de Raimbaut d’Aurenga, se jouant de ces mots-mêmes qui se jouent de nous, avec la clarté dans ce qu’il y a de plus clos et mystère dans ce qu’il y a de plus clair, selon un gré poétique franc et limpide. Poèmes de maturité et de jeunesse tenace s’y enchaînent harmonieusement, pour le plus grand plaisir du lecteur. »
(Franc Bardou)

 

Entre le Zéro et le Un
je me suis perdu à te chercher
dans l’univers
de ma folie
et pour l’amour d’un tourbillon.

 

Dans les mots du Trobar, de Gérard Zuchetto

Dans les mots du Trobar, poésie occitane, collection Votz de Trobar n° 31, éditions Troba Vox, mars 2021

La poésie des troubadours est un jardin ouvert où l’on cultive l’excellence, l’art de trobar dans toute sa splendeur, le chant, la joie, la jeunesse, les dames, le plaisir de trouver, et celui de chanter et de courtiser… pour que l’amour ne décline pas.

Gérard Zuchetto nous entraîne dans les méandres de l’élaboration d’un art raffiné dont les chansons abordent les thèmes essentiels d’un mouvement culturel qui, aux XIIe – XIIIe siècles, plonge ses racines dans le monde du sentiment… une façon d’élever l’homme du Moyen Âge vers son avenir.

 

 

D’amor es totz mos cossirier
per qu’ieu no consir mas d’amor…
que d’amor mou qui qu’o dia
so que val mais a foudat e a sen
e tot quant om fai per amor es gen.

D’amour est toute ma pensée
car que je ne me soucie que d’amour…
car, c’est d’amour, quoi qu’on dise que s’élève
ce qui a le plus de valeur dans la folie et dans la sagesse
et tout ce que l’on fait par amour est noble.

 

Cantique de Pierre Ech-Ardour

Cantique, recueil de poésie, Ségust Editions, mars 2021
Illustrations : encres de Chantal Giraud Cauchy

 

Sollicité par l’éditeur en quête d’un recueil « solaire », le projet d’écriture devait défier la morosité générée par la difficile période sanitaire traversée et offrir en lecture un petit ouvrage de poèmes d’amour, enluminé d’œuvres lumineuses, propice à remonter le moral.

Si le « Cantique des Cantiques » a inspiré l’écriture de la poésie du recueil, Abishag la Sulamite chemine ici par de cosmologiques poèmes jusqu’à l’acmé de sa féminité.

Chantal Giraud Cauchy a créé pour ce recueil de flamboyantes enluminures encrées.

 

 

 

Verte sera la Chine, de Danielle Ferré

Verte sera la Chine, roman, éditions Librinova, 2021


Marion Vonnac est écologue. Lorsque son frère, expatrié en Chine, lui demande de sauver un « trésor inestimable » en aidant trois étudiantes à transformer un vieux quartier de Shanghai en écoquartier, elle n’hésite pas. Pour l’Agència, son entreprise, c’est une opportunité.
Mais ce Plan-Shanghai provoque la colère de la Triade, la mafia chinoise…

Un roman intense et inclassable pour voir la Chine autrement.

 

 

EXTRAIT
Où l’on entend le Chien de Terre pousser son premier jappement

Jeudi 15 février. Shanghai, sur la terrasse du 701

Demain, les Shanghaiens iront par milliers faire résonner la cloche du Temple Longhua. Mais pour la soirée du Nouvel An, la plupart d’entre eux – à l’instar de huit cent millions de leurs compatriotes – dînent en famille au son des facéties de CCTV.

Pour autant le Bund est loin d’être désert. Des touristes asiatiques et occidentaux, et aussi des « sans attaches », s’y pressent. Les pétards et les feux d’artifice sont interdits pour cause de pollution, mais les lasers et les publicités sur écrans géants font scintiller le fleuve. Publicités en mandarin ou en anglais, qui rivalisent de rouge pour promouvoir : « voitures pour la campagne », « yaourts amaigrissants », « crèmes pour garder la peau blanche », vrai ou faux « vin château français » … Lire la suite…