Lecture numérique et liberté

intervention de Joëlle Wintrebert

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Vous pensez que les DRM sont une plaie qui empêche la libre circulation des livres numériques, le prêt et le partage, le transfert facile de vos livres entre vos ordinateurs, vos tablettes et vos smartphones ? Vous pensez (à juste titre) que la firme Adobe, principal fournisseur de ces DRM, vous espionne ? Vous avez envie de ruer dans les brancards, de vous bagarrer contre la société de contrôle et de surveillance qui grignote toujours plus nos libertés ? Bougez-vous le 6 mai. Ou au moins, faites l’effort de vous renseigner, de découvrir comment on peut changer les choses.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’anglais, voici un bon article d’ActuaLitté du 11 avril 2015 qui relaye l’appel lancé par l’organisation Defective by Design.
La lecture, une liberté qui ne peut souffrir ni restriction ni surveillance

En anglais, c’est ici.

Mars 2015 : la colère des auteurs

transmis par Joëlle Wintrebert

Voici le communiqué de la SGDL qui fait suite à la mobilisation des auteurs au Salon du livre, samedi 21 mars.

manifestation des auteurs, Salon du livre de Paris 2015

27 mars 2015
Salon du livre : une mobilisation réussie

C’est historique, et tous les auteurs de la SGDL peuvent s’en féliciter, la mobilisation générale des auteurs au Salon du livre de Paris a été suivie par plusieurs centaines d’entre vous. La lettre ouverte « à ceux qui oublient qu’il faut des auteurs pour faire des livres » a recueilli plus de 1800 signatures à ce jour, et vous pouvez encore y joindre votre nom en mentionnant « auteur, je signe » à l’adresse pasdauteurspasdelivres@gmail.com
La presse a fait un large écho à ce qu’elle a appelé « la colère des auteurs » et vous trouverez ci-dessous les liens vers de nombreux articles.
Par ailleurs, lors de l’inauguration du Salon, Marie Sellier a pu s’entretenir avec la Ministre de la Culture, puis, par la suite, avec le Président de la République et le Premier Ministre qui se sont tous deux arrêtés sur notre stand « Place des auteurs ».
Les débats organisés par la SGDL ont bénéficié d’une large audience, qu’il s’agisse des rencontres spécifiques au droit d’auteur (le contrat-type, l’autoédition) ou de celles dédiées à la littérature (poésie, premiers romans, fabrique du personnage, science-fiction, polar, etc.).
À noter également que le CNL a accueilli les auteurs sur son stand, pour une présentation du 6e baromètre des relations auteurs/éditeurs (une enquête menée avec la SCAM à laquelle vous avez été très nombreux à répondre et que vous pourrez retrouver sur notre site) et de notre répertoire Balzac des auteurs et de leurs ayants droit. La SGDL s’est en outre associée à la présentation des résultats de la 5e édition du baromètre des usages numériques (SGDL/SNE/SOFIA).

Le Grand journal – 23 mars 2015 (Augustin Trapenard)
Idboox 23 mars (Élisabeth Sutton)
Publishing perspective – 23 mars (Olivia Snaije)
Blog Laure Limongi – 22 mars 2015
24 matins – 22 mars 2015
La Croix.fr – 20 mars 2015 (Sabine Audrerie)
Actualittés – 21 mars (Nicolas Gary)
Actualittés – 21 mars (Nicolas Gary)
Le Monde.fr – 21 mars (Frédéric Potet)
Télérama.fr – 19 mars 2015 (Geoffrey Lopes)
Le Figaro.fr – 18 mars 2015 (Cassandre Dupuis)

Échec des éditions Black-e-book

ÉAndré Gardies nous écrit :

J’ai reçu aujourd’hui le courrier ci-dessous que m’a adressé Anne Humbert des éditions numériques Black-ebook. Elle écrit à tous ses auteurs pour leur annoncer sa décision de mettre un terme aux activités de cette maison. Elle nous en donne les raisons et je pense qu’elles sont suffisamment éclairantes sur la situation de l’édition numérique pour que je communique cette lettre. Je le fais naturellement avec l’autorisation de Anne Humbert. Ce témoignage sur l’échec d’une expérience éditoriale faite d’honnêteté et d’exigence me paraît important.
Juste un rappel : Black-ebook faisait un véritable travail d’édition, en sélectionnant ses manuscrits, en veillant aux corrections, au règlement des droits d’auteur, en proposant un contrat clair et juridiquement correct.

site Black Ebook

Voici la lettre d’Anne Humbert.

« Chers auteurs bonjour,

Nous avons longtemps réfléchi sur ce que nous pouvions faire comme constat sur ces trois années de travail acharné sur Black-Ebook et ¬— disons-le à présent — sur French-Ebook…
Nous avons retourné le problème sous tous les sens afin de trouver un moyen de nous rendre optimistes afin de réinjecter de la trésorerie dans notre petite start-up, mais malheureusement, inutile de tourner autour du pot, nous n’avons pas trouvé de solution qui nous paraît acceptable. Black-Ebook n’est pas rentable…
Et voici pourquoi, nous avons décidé son arrêt définitif.

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Action du S.E.L.F. pour le droit d'auteur en suspens

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Illustration : Drew Coffman, CC BY 2.0

L’eurodéputée Julia Reda, dont on a beaucoup parlé ces temps-ci à la suite de son rapport préconisant de nouvelles exceptions européennes au droit d’auteur (lire ici), rapport que certains trouvaient relativement mesuré eu égard à l’appartenance de la dame au parti pirate quand d’autres (majoritairement les sociétés d’auteur, évidemment) criaient « au loup! » avait fini par solliciter directement l’opinion des créateurs : quelle-est-votre-opinion.
Nos amis du S.E.L.F. l’ont prise au mot et lui ont envoyé la lettre qui suit, que l’on peut également lire sur le site du syndicat ou sur ActuaLitté qui l’a relayée.

« Madame la députée,
Le Syndicat des Écrivains de Langue Française (S.E.L.F.) vous sait gré de la demande que vous avez faite aux auteurs de réagir à vos propositions concernant l’établissement de nouvelles exceptions au droit d’auteur dans l’Union européenne. Nous vous félicitons pour la modération dont vous avez fait preuve, eu égard aux positions du parti que vous représentez, dans l’élaboration de votre rapport sur l’harmonisation du droit d’auteur dans l’Union européenne. Mais nous ne pouvons admettre que les exceptions et aménagements prônés dans ce rapport soient promulgués sans que des contreparties équitables soient accordées à ceux qui auraient le plus directement à en pâtir : les créateurs.
Le S.E.L.F. n’est pas favorable à l’immobilisme. En France, il le prouve en prônant une réforme « gagnant gagnant » du système de protection sociale des artistes auteurs. Vis-à-vis de l’UE il entend pratiquer de même, pour peu que l’occasion lui en soit donnée et que s’engagent de véritables concertations entre les élus et responsables européens et les créateurs et organisations qui les représentent. Lire la suite…

TVA et livre numérique

transmis par Joëlle Wintrebert

Comme souvent, très intéressante analyse de Nicolas Gary sur le site ActuaLitté.
En résumé, pas de quoi s’affoler…
photographie, site UPBlisher
« Aujourd’hui, la Cour de Justice de l’Union européenne a répondu à une question posée par la Commission européenne, une question simple : la France est-elle en infraction, en regard de la directive 2006/112/CE sur la TVA, lorsqu’elle applique un taux réduit sur les livres numériques ? Si l’on lit l’annexe 2, difficile d’avoir le moindre doute. L’avis déclaratif de la Cour de Justice de l’Union européenne est tombé, mais il est loin d’être aussi désastreux qu’on le laisse entendre […] »
lire la suite de l’article ici

Illustration : site UPblisher

Appel à témoignage

Un appel relayé par la Société des Gens de Lettres, 27 Février 2015

Le 29 janvier, la SGDL, comme l’ensemble du CPE, réagissait à la publication du rapport de Julia Reda, eurodéputée en charge d’un bilan de l’application de la directive européenne sur les exceptions au droit d’auteur.
Lire le rapport
Dernièrement, Julia Reda en appelait, sur son blog, aux témoignages directs d’auteurs et de créateurs.
Le blog de Julia Reda

À l’heure d’une remise en cause du droit d’auteur, affichée et affirmée par les institutions européennes, les partisans du tout gratuit et les grands opérateurs de l’internet, et alors que nos revenus d’auteurs et de créateurs sont fragilisés par la multiplication des exceptions au droit d’auteur et le maintien d’une totale irresponsabilité des fournisseurs d’accès à l’Internet face au piratage des œuvres, il est important et urgent de faire entendre notre voix. Celle des auteurs sans lesquels il n’y aurait, faut-il encore le rappeler, aucune œuvre.
C’est pourquoi, la SGDL vous invite à répondre massivement à la sollicitation de Julia Reda. Soyons nombreux à lui adresser des témoignages d’une vie d’auteur au quotidien : l’occasion de rappeler à l’eurodéputée que le droit d’auteur et la juste rémunération des créateurs sont les meilleurs atouts d’une création libre et diversifiée.
Si véritablement, l’Europe se soucie des auteurs, il y a fort à faire pour les aider à lutter contre les clauses abusives dans les contrats d’édition, favoriser la transparence des comptes envoyés par les éditeurs, garantir une juste rémunération et un meilleur partage de la valeur notamment dans l’univers numérique et combattre efficacement le piratage de leurs œuvres.
Notre liberté de créateurs en dépend.

Je crée, tu crées, il crée, nous crayons, vous créez, ils crient, de Guth Joly

dessin de Guth Joly

On a avancé par rapport à la société du XIX°, par rapport au XX° dans un certain nombre de pays et on va continuer d’avancer parce qu’il y a trop de gens qui meurent pour que cela dure. On ira sûrement au ralenti, l’important est qu’on ne recule pas. C’est long mais qui pourrait accepter cette image que j’ai trouvée en ouvrant Yahoo ce matin d’un enfant de dix ans tuant deux russes? Est-ce qu’on va accepter la jeunesse jihadiste comme on a accepté la jeunesse hitlérienne? On est mieux informés non ? et… impuissants, je l’accorde, et empêtrés dans des solutions sans financement (je pense à des psy à l’école, des professeurs d’histoire pour y voir clair, des ateliers artistiques et autres cellules de réflexion et de création).

Je sais que la haine attise la haine et qu’on n’est pas à l’abri. Ce qui est pire, c’est la masse inerte, énorme, des peureux qui n’osent rien dire et qui est la matière première des dictatures. Aujourd’hui, on connait bien les conséquences de cette inertie, de ces lâchetés, l’histoire nous les a apprises. Je sais que certains vont répliquer et que la connerie œil pour œil, dent pour dent, va fleurir. Mais on sait aussi plus qu’avant quelles conséquences elles auraient. Je ne pense pas qu’on va partir comme en quatorze la fleur au fusil. Cela va concerner une poignée.
L’important c’est ceux que ça a réveillés. Lire la suite…

Hommage, de Claude Ecken

montage photo de Claude Ecken

Le choc, les larmes, la colère.
Ensuite les réactions, les questions, les débats. L’ensemble des problèmes de nos sociétés déboule sur la scène, sans nous laisser le temps de faire notre deuil.
L’équipe de Charlie Hebdo a aussi dû essuyer les hommages collatéraux.
Elle ne saurait se reconnaître dans toutes les initiatives ni approuver l’ensemble des discours faits en leur nom.
Il est probable aussi que des soutiens ralliés sous la bannière de Charlie hebdo fronceront le nez en ouvrant le journal pour la première fois, après la tragédie. Ils n’y verront pourtant que le témoignage de la plus libre expression, sans égards ni compromis envers quiconque ni quelque idéologie que ce soit, sans agressivité non plus, sans règlement de comptes, faut-il le rappeler ? quand bien même se sentent agressés ceux qui s’y trouvent raillés. Mais allez expliquer cela à ceux qui prennent la mouche, campés sur des certitudes, bardés de convictions dont ils entendent que tout le monde les partage.

C’est en cela que ces dessinateurs et ces chroniqueurs sont salutaires et qu’il faut leur dire merci ! Merci d’être là depuis si longtemps !
Merci de défendre nos libertés ! Il y a quelque ironie à considérer que, sans l’attentat, Charlie Hebdo se serait éteint dans l’indifférence et l’anonymat, faute de finances et de lecteurs suffisants. Pire encore : qu’un journal satirique soit devenu l’emblème de la nation ressemblerait presque à une farce drolatique si les circonstances n’avaient été aussi tragiques.
C’est la raison pour laquelle aussi il convient de le défendre quelles que soient nos idées, car s’il ne les incarne pas toutes, il contribue à les rendre toutes possibles.
Ne céder sur rien, c’est ce que les auteurs de Charlie Hebdo ont toujours prôné, à leur façon iconoclaste, provocatrice, forcément dérangeante. Résolument potache, avec ce qu’il faut de vulgarité pour interpeller. Parce que l’outrance et le mauvais goût font parfois plus pour éveiller les consciences que les arguments bien léchés de la pensée de salon n’ébranlent les certitudes. Lire la suite…

Réflexion, de Michel Théron

Laïcité, de Michel Théron

Face aux horribles assassinats qui viennent de se produire, le premier mouvement a été la stupeur, la sidération. Le deuxième, la compassion, l’empathie, toutes marques d’émotion. Ces réactions-réflexes sont inévitables, et évidemment je les ai eues moi-même. Mais ensuite doit venir, et de cela je voudrais bien être sûr, sans en être pour autant persuadé, le moment de la réflexion.

Il est évident que le terrorisme s’est installé sur le chaos qu’ont créé les interventions impérialistes des puissances occidentales dans des pays qu’elles connaissaient très mal. Le prétexte a été l’instauration chez ces pays d’une démocratie, mais on n’a pas assez réfléchi qu’on n’y vient pas en un clin d’œil, en partant d’un régime tyrannique. Chez nous même, la démocratie s’est installée lentement, et au prix de beaucoup d’épreuves et de souffrances. À tout le moins, l’Occident s’est montré extrêmement léger dans son analyse, si du moins analyse de ce type il y a eu, car je pense qu’on s’en est tenu à la politique, bien banale de la part de pays anciennement colonisateurs, de la canonnière. L’enjeu bien sûr était bien moins noble que celui de la démocratie : l’intérêt économique des pays intervenants, le pétrole au Moyen-Orient, les richesses minières du Mali. L’indignation actuelle de beaucoup de dirigeants qui ont défilé pour la « liberté d’expression » n’est que de la tartuferie.

En second lieu, puisqu’on situe les attentats actuels par rapport au fait religieux, je pense qu’on ne défendra jamais assez et dans tous les cas la laïcité, qui fait relever la religion de l’espace privé et de celui du culte, et qui la prohibe radicalement de l’espace public. Il ne faut pas transiger là-dessus, et ceux qui sont pour une « laïcité positive », c’est-à dire plus ou moins tolérante quant aux intrusions religieuses dans l’espace public, ne savent pas à quoi ils s’exposent. Aussi, lors des défilés de protestation, j’aurais bien aimé qu’au lieu du compassionnel « Je suis Charlie ! », répété comme un mantra mais qui ne dépasse pas le stade de l’émotion, on ait vu ou entendu : « Pour la laïcité ! ». Mais il est vrai que cela eût demandé plus de réflexion !

Illustration : Montage de Michel Théron

Ce texte paraît également dans la rubrique habituelle de Michel Théron  (À contre-courant) du journal Golias Hebdo.

 

On les aimait

Photo Isa Prince

Photo Isa Prince

Bernard Maris est décédé le 7 janvier 2015 dans le tragique attentat contre Charlie-Hebdo.
Jean Cornil l’avait rencontré chez lui à Paris il y quelques mois. Il était un homme généreux,  attachant, subtil et passionnant.
Bernard Maris avait signé l’édito du numéro spécial de Charlie-Hebdo sur la laïcité.

Nous vous proposons cette rencontre en hommage à un homme profondément humaniste et à toutes les victimes de cet épouvantable assassinat.
Vous pouvez visionner ce film ici.

Et pour ceux qui auraient envie de passer un peu de temps avec l’œuvre dessinée de Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, vous pouvez voir et revoir leurs dessins en grand format.