Une lecture de Fabienne Savarit
samedi 1er juin à Toulouse, à 11 h
à la librairie Ombres Blanches
Elle lira son album jeunesse Ernesto Trémolo, et d’autres titres de la maison d’édition A2mimo
en savoir plus sur l’album ici
Elle lira son album jeunesse Ernesto Trémolo, et d’autres titres de la maison d’édition A2mimo
un événement coorganisé par Autour des Auteurs et Occitanie Livre & Lecture
Coordination de l’événement et réalisation de la vidéo :
Sylvie Léonard pour ADA
en partenariat avec Occitanie Livre &Lecture
Trouvé sur Quora, cet « Indice d’un roman médiocre » de Cyril Destoky, qui liste un nombre d’items incroyable à surveiller quand on écrit un livre.
Attention, bien lire l’introduction et la coda : l’auteur précise bien que ce sont des pistes, et que la présence de l’un ou l’autre ou de plusieurs des items n’implique pas du tout que le roman soit médiocre.
Tant qu’on y est, voici un texte sur la réécriture d’un texte, que l’on pourra compléter à loisir (j’ai ajouté les prépositions).
Les Olympiades truquées, roman, collection Les Poches du Diable, Au diable Vauvert (réédition), mai 2024
Dans un avenir proche où le clonage humain et les manipulations biogénétiques sont désormais courants, les Jeux Olympiques sont à la fois vitrine et métaphore de la puissance humaine : champions et championnes doivent vaincre à tout prix, quelles qu’en soient les conséquences…
Deux jeunes femmes, Sphyrène, championne de natation, et Maël, clone d’une compositrice virtuose, affirment pourtant, envers et contre tous, leur droit à la liberté et au respect de leur corps et de leur vie de femme. Rien ne les arrêtera.
EXTRAIT
Il y a cette rotonde incroyable, pierres apparentes et tentures de velours écarlate chamarré d’or. Sur et devant les murs est alignée comme pour une parade une collection d’instruments et d’appareillages destinés à des plaisirs sadiques.
Et puis, vautrés dans leurs sofas noirs, tous ces hommes, vêtus de toges rouges, qui me regardent. Pas de femme. Si, une, au fond de la rangée, là-bas. Mais est-ce bien une femme ?
J’ai le trac. Je sais ce que je dois faire. Comme d’habitude. Facile à dire. Je ne connais pas cette Loge et mes mains tremblent. De peur. De faim aussi. Cela fait une semaine que je lutte pour échapper à l’engrenage, et sans représentation, pas d’argent.
Pourtant, ce n’est pas la faim qui m’a conduit en ces lieux. Non. C’est cette soif éperdue d’une dépense physique exaltée par la souffrance. Et je ne peux plus la trouver ailleurs, désormais.
Malgré moi, je frissonne. L’espace d’un instant, saisi d’une incoercible envie de fuir, je crois que je vais me ruer vers la sortie ; évidemment, je me domine. La peur fait partie du jeu.
On ne fait pas attendre les Sadmas. C’est une règle absolue. Un contrat accepté doit être honoré, sans temps mort, sans retard.
Lentement, comme on me l’a appris, je me coule hors de mon peignoir, exhibant l’un après l’autre chacun des muscles qui transforment mon corps amaigri en un arbre noueux. Puis je m’approche de l’estrade où m’attend ma « victime ». Un hors-d’œuvre, l’homme est incroyablement efflanqué.
Le silence se fait dans la salle tandis qu’un roulement de tambour annonce ma prouesse.
Les organes génitaux de l’homme sont déjà très étirés. Je n’ai aucun mal à m’assurer une prise solide sous les testicules et à hisser le malheureux à bout de bras, d’une seule main.
Des applaudissements me saluent. Mais le spectacle ne fait que commencer. Je sais que les corps à soulever seront de plus en plus lourds. Je sais que je devrai bientôt mobiliser tout mon apprentissage d’haltérophile. Voilà pourquoi je continue à hanter les loges des Sadmas. Je veux me prouver, contre l’Institution qui m’a rejeté, que je suis capable d’améliorer encore mes performances.
Quand arrive le clou de la soirée, un homme énorme, obèse, qui doit bien peser deux cents kilos, j’hésite. Un voile rouge aveugle mes yeux, ma tête est en feu, mes muscles si contractés qu’ils sont agités de spasmes incontrôlables. Les huées de mon public me remettent en selle.
Pinçant au hasard dans la masse de chair de mes mains transformées en tenaille, j’arrache mon partenaire qui couine son plaisir douloureux. Je le maintiens en l’air une seconde, au-dessus de moi.
Brusquement, c’est comme si le dernier ressort qui me tenait tendu lâchait. Je m’effondre. L’haltère vivant m’écrase.
Lorsque les Sadmas eurent retourné le corps du sportif déchu, ils constatèrent, dépités, que l’expression pacifiée de la mort suppléait la grimace de souffrance qu’ils s’attendaient à déchiffrer sur les traits de l’homme.
C’est curieux j’ai le trac, suivi de, ça, c’est permis, poésie jeunesse, éditions Via Domitia, avril 2024.
Préface de Paul Fournel, président de l’Oulipo.
Illustrations de Mick Elli.
C’est curieux j’ai le trac : Dès que je suis à l’oral, j’ai un trac panique, je bafouille, je cherche, je me fouille le cerveau, je sèche c’est automatique… automatique. Je n’ai qu’une hâte m’enfuir c’est logique. Jusqu’à l’évasion dans l’écriture pour à nouveau goûter les mots. Ce soir, j’écris, je m’isole, m’envole, mon langage est mon porte-parole. En fait, je sais, comment l’écriture m’emporte, emporte, emporte, avec tout ce qui m’importe.
La différence de l’enfant lui permet finalement de passer à l’action. Un livre qui met du baume au cœur de tous les hypers sensibles, traqueurs.
Ça, c’est permis ou plaisir du double sens, plaisir sonore. S’amuser dans l’insouciance de l’innocence avec les jeux de l’enfance, ses joies, ses peurs, du cauchemar louche, au chat narquois, et du feutre indélébile, la réussite aux échecs et du cerf-volant.
Les illustrations de Mick Elli par son flair et son inventivité s’associent à merveille, à chaque double-page. Ce sont des micro-évènements dans lesquels le fantastique naturel du quotidien existe. L’ouvrage est lisible, dès 9 ans et sans limite d’âge. Lire la suite…
Ô Karim, roman noir, éditions Chèvre feuille étoilée, mai 2024
Karim a 18 ans. Sensible, sportif, il prépare son bac quand soudain son destin bascule. Racisme ordinaire, injustice, prison infestée de drogues, intégrisme musulman vont se liguer pour le détruire. L’amour de sa sœur Halima, interne aux hôpitaux de Montpellier, de sa mère, de Céline la bibliothécaire, de Ted Leouf son ami graffeur n’y pourront rien.
Tout au long de ce roman qui commence par une tentative de meurtre, Halima, prise en tenailles entre intégristes moyenâgeux et nervis d’extrême-droite, exprime la douleur, la colère, le courage et la résistance d’une jeune femme qui croit dans les valeurs de la République et mène sa vie comme elle le décide.
EXTRAIT
Ô Karim, tu es parti en emportant un énorme morceau de ma vie, est-ce que tu le sais ? Quant à maman, j’ai peur que ce soit son âme…
Les policiers ont pris la boite à chaussures bleue qui contient tes souvenirs. Quand le plus âgé a plongé sa main dedans, j’ai eu envie de crier : « Vous n’avez pas le droit ! » Mais oui, ils l’ont. Des photos de classe, des Pokémon, un scoubidou, quelques cartes postales, le cahier rouge que Céline t’avait offert pour que tu y notes des poèmes et ton petit carnet de proverbes que tu avais commencé en CM2. Il l’a feuilleté. L’espoir fait vivre. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Au collège tu as continué avec des citations : Gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge. (Voltaire). Mais toi, tu n’as su te garder de personne. Tu as grandi avec des garçons qui, à partir de douze ans, ont commencé à se prendre pour des caïds, qui méprisaient les filles, qui n’apprenaient plus en classe sous prétexte qu’ils ne voulaient pas obéir à des femmes, et les profs sont presque toutes des femmes.
/…./ Je voulais que tu sois moderne. Républicain. Féministe même. Je voulais que tu sois « L’Arabe idéal du vingt et unième siècle ». Beau, sportif, intelligent, pas sexiste, en marche vers de belles études, un beau métier. Ô Karim !
un article de François Szabó paru dans L’Étrave n°281, mai juin 2024
publication bimestrielle de Poètes Sans Frontières (revue papier)
Être poète implique à la fois une certaine discipline et une offrande au monde. Exigence de tous les instants, ici la médiocrité n’a pas sa place. On n’est pas poète à moitié ni par intermittence. C’est un métier de vivre, tel que l’énonce Cesare Pavese, c’est une profonde immersion dans la responsabilité qui ne peut être qu’assumée. C’est aimer sans compter, c’est donner sans reprendre, c’est un acte de foi, c’est une exigence sublime.
La Poésie est également le domaine de tous les possibles, car l’élan créateur est le lien de toute floraison et fructification, la poésie est un printemps toujours réitéré.
C’est ardemment affirmer la tendresse comme origine de toute humanité accomplie, de toute manière d’œuvrer au monde.
Si pour Eeva-Liisa Manner, le monde est le poème de mes sens, la solitude est le creuset de l’œuvre poétique :
À quel point la solitude peut se propager de moi, les buissons périssent, les arbres s’enfuient et les martres, les martres.
La froidure de la nuit s’éloigne lentement toujours plus comme la frange d’un glacier et recouvre les petits corps. Les arbres au-dehors soutiennent la vacuité, la solitude comme une pierre passe d’arbre en arbre Infinitude et neige.
Et comme tout philosophe affirmer La Sagesse de l’Amour.
C’est aussi le sens orphique de l’amour qui sauve les âmes de l’errance. Et tel Czesław Miłosz tout mettre en œuvre. Si tel Pierre Reverdy, le poète écrit pour se réaliser, il est redevable à ses prédécesseurs et à l’écoute de ses contemporains. Heureusement il reste des vocations et cela est plutôt réjouissant.
Comme chaque année à l’occasion de la Comédie du livre, Autour des Auteurs et Occitanie Livre & Lecture ont le plaisir d’organiser la représentation Auteurs, autrices en lecture. Elle sera donnée le dimanche 19 mai de 11 h à 12 h 30 à l’auditorium du Musée Fabre. La Comédie du Livre faisant part belle aux littératures de l’imaginaire, six auteurs, dont trois Adaïstes vont proposer des lectures extraites d’une de leurs œuvres autour du thème « Choc des Imaginaires ».
– Chantal Armagnac : La Femme-lune
– Jérémy Behm : Cora, la légende du lac
– Philippe Castelneau : Motel Valparaiso
– Amélie Louis : Tuer le loup
– Pascale Thomas : Une odeur de chant d’oiseau
– Luminitza C. Tigirlas : Le dernier cerceau ardent
Ils seront accompagnés du Handpaniste Laurent Sastre. Nous espérons vous y retrouver nombreux.
Sylvie Léonard est coordinatrice de l’événement pour ADA.