Bourgeonna l’aube en le miroir du temps, poésie, Collection Encres Blanche n° 841, éditions Encres Vives, mars 2025
Illustration : « Porte Sud », gravure de Pascale Goëta, 14 x 18 cm, épreuve d’artiste, 2022
Poésie dédiée à la grâce d’une aube dessinée à l’encre noire.
EXTRAIT
Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir, Paul Celan
extrait du poème « Corona », recueil « Mohn und Gedächtnis »
(Pavot et mémoire, 1952)
Sous le masque des songes, face à la bouche de l’aube, sur l’écorce de nos mots, parmi les semences d’aurore, délestera le temps l’errance par les portes de la nuit : à chaque mot son antre de silence, son alliance aux déchirées paroles.
Harponnés l’un au cœur de l’autre, nos corps n’étaient qu’un. Fardeaux d’aphonie mordorée d’habit de lumière, affublés de peau légère, au regard du jour, nous étions « étoile. »
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Du gris miroir d’air, au moment où s’ouvrira interminable méandreux le chemin, avec l’obstination de l’éphémère aube diluée, au plus près du bord de faille, avec le silence de nos prières, se clapira la sanctification de l’amour.
A l’ombre de ton visage respire le bouquet du ciel comme une langue à ma rencontre. Précieuses les pierres de tes mots émoussent le vent. Éclot tapie ta voix nomade à la cime du temps.