Anomalies de l’humanité, de Jeremi Sauvage

Anomalies de l’humanité et autres histoires dérangeantes, nouvelles et poèmes, les Éditions du Désir, septembre 2024

 

Le fil rouge de ce recueil de 16 nouvelles est la question des « anomalies », des « aberrations », propres à notre monde, souvent en lien avec le milieu universitaire. Aux frontières du fantastique, de l’étrange et du bizarre, les textes sont tous en lien avec l’actualité d’une manière ou d’une autre. Les nouvelles sont présentées dans une progression alternant humour et dramaturgie, toujours aux carrefours des aspects étranges de nos vies et de nos sociétés, avec beaucoup d’intertextualité et de références à divers niveaux.

 

EXTRAIT (1ère page)

 

– Voilà pourquoi ceux qui ont survécu sont coupables. Ils sont des anomalies de l’humanité. Merci pour votre attention.

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Mon nom est Ajna Singh et je dois écrire mon histoire car je ne sais pas de quoi mon avenir sera fait, ni même si j’aurai un avenir. Je ne sais pas non plus comment réagira la partie de ma famille qui vit à Bricklane, London Tower Hamlets, et j’ai bon espoir que mes cousins restés à Delhi n’entendront jamais parler de ce que j’ai découvert récemment. Je vais soutenir ma thèse de médecine demain. Mais mon superviseur, après une longue hésitation, m’a fait comprendre que le huis-clos sera obligatoire, eu égard aux conclusions de mon travail. Aucune communication sur le sujet, pas de public, un titre large (Étude épigénétique chez les enfants atteints de leucémie myéloïde chronique), un résumé volontairement évasif…

Mes parents m’avaient prénommée Ajna en pensant que la Nature me doterait de ce fameux troisième œil du Chakra. Je ne suis pas certaine de bénéficier d’un don ou d’un pouvoir qui fait de moi une personne exceptionnelle, mais j’ai l’impression d’avoir toujours voulu être Médecin, d’aussi loin que je puisse m’en souvenir. Soigner, aider, comprendre… les trois préceptes de mon enfance. Quand on grandit à Bricklane, au risque de choquer une certaine bien pensance, je vous jure que l’on part avec un sacré handicap sur le plan de la réussite scolaire. Mais je garde comme motivation toutes les insultes que […]

 

EN SAVOIR PLUS : Présentation des nouvelles

La première nouvelle, qui donne son nom au recueil, pose une hypothèse pour expliquer l’existence des serial killers. L’Horreur sous le Pic est une courte nouvelle de style lovecraftien expliquant le va et vient des hélicoptères entre le CHU de Montpellier et le Pic Saint Loup. Mig Rations explique les réelles raisons motivant l’Océan Viking à sauver les migrants en Méditerranée. Feu de tout bois expose, au niveau de l’ONU, les causes réelles des incendies géants tout autour de l’Océan Pacifique, notamment en Australie et en Californie, en alternance une année sur l’autre. Puis La Transaction au bout du chemin revient sur le « fait divers » impliquant Jacqueline Sauvage et la violence faite aux femmes. Le Monde d’après est une très courte nouvelle pour faire un clin d’œil à la période COVID et à la montée des autoritarismes politiques. Escape Game Over, au-delà du calembour du titre revient sur ce que signifie une revanche sur la vie. Celle qui revient des profondeurs et une autre nouvelle lovecraftienne à partir d’un fait divers étrange : des cambrioleurs pénètrent dans le coffre-fort du casino de Biarritz et repartent… les mains vides. La nouvelle suivante, Trompe la Mort, se veut humoristique et parle d’un meurtre aux Caraïbes d’un point de vue non-humain. Vérité sous hypnose s’intéresse à la mort subite du nourrisson de manière glaçante… Puis Disparu raconte l’histoire d’un homme qui entre d’une chambre d’hôtel et donc on ne retrouve (presque) aucune trace. A quoi bon évoque l’absurdité du quotidien, une sorte de Jour sans fin revisité. A quoi bon est clairement le texte le plus décalé du recueil et traite d’existentialisme. Vibrations est une référence explicite au mal-être des étudiants pendant les périodes de confinement dues à une pandémie. Puis Delirium d’Amour et de Menthe est une nouvelle poétique sur l’acte d’écriture et… plus encore. Le crépuscule humain problématise l’absurdité de l’existentialisme d’un être humain. Enfin, Rage Room traite le sujet du burning-out et des violences dans le milieu universitaire.

 

 

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