Du Fol Amour à la Grâce, de Régine Nobécourt-Seidel

Du Fol Amour à la Grâce, poésie, éditions Constellations, juillet 2024
Encres et aquarelles sur papier de JAPA (Jacqueline Lou Pâris)

 

Amour, Fantaisie Humour vibrent à l’unisson dans les premiers poèmes du recueil. C’est « Aimer la vie », la chanter, la provoquer, dans une continuité du recueil précédent Eros en rit encore !

« Et puis la Grâce » invite à une redécouverte de soi, de l’autre. Les problématiques actuelles y sont palpables. Mémoire mêle Passé, Imaginaire, Conscience, Inconscience comme pour secouer en chacun de nous ces poussières d’étoiles qui font Vie et Lumière.

 

 

EXTRAITS

De la source à la mer

L’eau que j’ai bue dans tes paumes était toujours fraîche
L’eau que j’ai bue à ta bouche était source de mes rêves roses et bleus
L’eau que je lape sur ta peau, sale le vert de mes nuits
L’eau qui s’évapore de nos corps nous emporte toujours trop loin
Mais c’est l’eau de mes larmes qui dessèche mes joues
Qui assèche mon cœur et a noyé mon bonheur
Éteint le feu de mes yeux
Quand dans l’eau putride de marais fangeux
Des amours sans lendemains
Tu as définitivement perdu ton âme.
Il paraît que c’est l’eau bénie par le prêtre qui lave
Tous les péchés de la Terre. Croire encore en elle !
Qu’importe tout cela aujourd’hui
Puisque je n’oublierai jamais l’eau du fleuve de mon enfance
Eau douce-amère tant lourde du passé.
Eau si lourde de mes ancêtres
Eau, dernier berceau de tant de jeunes hommes
Ô tous ces hommes venus du monde entier, tous ces sangs mêlés
Ô fleuve tranquille qui a bercé mes peines, recueilli mes chagrins au chanvre de
tes berges
Ô fleuve qui a guidé mes premiers pas et donné sens à ma vie
Ô fleuve tu couleras jusqu’à mon ultime nuit en mes veines au sang trop rouge
Jamais je ne t’oublierai, crois-moi, parce que toi tu es Amour, le vrai !

Je suis née une nuit…

J’aurais pu naître un jour bleu ou même un jour noir ou un jour rouge, un jour jaune mais je suis née une nuit de lune pleine
Ce n’est pas d’bol ! J’ai tout de suite vu rouge. Rouge dans la nuit !
Rouge du sang qui coulait dans la nuit noire. Rouge du feu dans le triangle du foyer. Rouge du vin qui se buvait autour de moi, rouge de la joie ou de la colère près de moi. Rouge peut-être même de quelques filets d’amour.
Rouge ! Ma vie devait s’écrire en rouge sur le noir de l’ardoise, rouge sur le noir des nuits que je compterais, des nuits que j’oublierais des nuits d’attente des nuits d’amour des nuits de colère des nuits d’ivresse.
Des nuits de pleine lune, des nuits d’orage, des nuits d’orgies. Des nuits pleines, des nuits creuses et des nuits si nombreuses de travail, de lectures si ardues que j’en oublierais le jour.
Il y aurait fallu un soleil dans ces nuits. Le soleil de nuits à venir, de nuits advenues.

 

Un soir au bord du grand canal

Au coin des lèvres de la nuit qui s’angoisse au moindre frisson du grand canal s’accroche une larme de sang lourd.
C’est un soleil couchant à la frontière du rêve, un soleil dormant au berceau du réel.
C’est l’hiver en quête de reconnaissance, un soir de janvier, un soir de grand vent. Une péniche frileuse glisse ses effrois sur un murmure de ténèbres scintillantes. Les âmes grises s’embrument et s’ébrouent. Les cœurs solitaires frissonnent et se serrent en bouquets.
Dans le lointain, c’est le soupir d’un violon comme une âme pure, s’envolant vers une lumière qu’elle seule entrevoit !

 

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