Un déjeuner de soleil, récit, L’Amourier éditions, septembre 2020
image de couverture J. Bastide et Paul-Emile Objar / collection “ Thoth ”
L’expression, initialement, dit la perte de luminosité des pigments quand ils sont exposés au soleil, ou mangés par le soleil lorsqu’il s’agit du linge étendu au soleil de midi. Devenue symbole de toute chose périssable, l’expression évoque ici le récit d’un amour décousu. Sous nos yeux de lecteur, la vie d’une femme bascule parce que son aimé s’est éloigné. Habitée par son fantôme et par le désir de comprendre ce qui lui arrive elle s’interroge, déroulant au fil des pages un monologue à forte charge poétique qui la conduit en territoire inconnu. Les lecteurs de Jeanne Bastide y reconnaîtront sa voix, la singularité de son écriture creusant sous la peau le chaos intérieur que chacun renferme. Ceux qui la découvrent sont invités à se laisser surprendre par la liberté de ses images et sensations décrites.
Non ! Quelque chose s’est ouvert avec la violence de ce non. Non ! Et le monde se fracture. La terre se fend. Le vide prend place. Jusqu’à la respiration qui se fissure. Il faudra du temps. Beaucoup de temps pour que la vie se remette en place. Que l’herbe soit verte. Le cyprès vertical. Il faudra que le vent nettoie les poumons et toutes ses alvéoles. Il faudra que le pas se fasse plus sûr, qu’il donne confiance à ce qui le porte pour avancer sans trébucher. Il faudra que le soleil, la lune et les étoiles accomplissent les circonvolutions nécessaires. Il faudra le silence. Quelques bouts de joie. Un envol de paroles muettes. La solitude pour voir enfin un sourire apparaître. Il faudra que mes pieds nus marchent sur l’herbe. Que mon corps vivant, articulé, se mette en mouvement – se déplace.
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